Les 10 millions d'élèves inscrits dans tous les paliers sont dans l'impasse. La grève se poursuit. Le spectre d'une fatidique année blanche se précise. D'après une source de la Direction de l'Education d'Oran, les grévistes veulent la tête de l'indétrônable ministre Abou Bakr Benbouzid. Le silence radio du 1er responsable de l'Education devient kafkaïen. Hormis, le communiqué, publié il y a quelques semaines, fustigeant à cor et à cri les syndicats autonomes, Abou Bakr Benbouzid ne s'est pas prononcé sur l'issue de ce conflit et mis sous séquestre l'avenir de toute une génération d'Algériens. Messaoud Boudiba, chargé de communication du Cnapest, a déclaré à la presse «que jusqu'à aujourd'hui, aucun contact n'a été établi avec le ministère». «Je m'interroge sur le silence de Benbouzid alors que tous les paliers sont paralysés», dit-il, avec un taux de suivi de la grève estimé à 93%. Les parents d'élèves approchés sont à bord de la crise de nerfs et ne savent plus à quel Saint se vouer. «Nous ne comprenons pas ce qui se passe entre le ministre et les syndicats ! Chacun incrimine l'autre ! Basta ! Nous avons peur pour nos enfants. Ils ont accumulé un retard monstre au 1er trimestre. Et voilà qu'ils s'enfoncent dans le gouffre au 2ème trimestre», se lamentent des parents d'élèves d'Oran. D'autres, furieux, déclarent que «sous d'autres cieux, cette grève aurait coûté la tête du ministre qui reste absent». Avant-hier, des dizaines de lycéens de différents établissements oranais ont observé un sit-in devant le siège de la Direction de l'Education. Mot d'ordre : «Nous ne voulons pas être otages d'un conflit insensé». En attendant, les syndicats, toutes obédiences confondues, campent sur leur obstination à ne pas céder le moindre pouce de terrain. La poursuite de la grève par l'Unpef et le Cnapest -qui seront rejoints par le Conseil des lycées d'Algérie (CLA)- qui, dans un premier temps, a gelé sa grève, sera fatale pour les élèves, notamment les lycées de la classe terminale. Ils ont peur de rater leur année du bac. Les responsables de l'Education accusent les syndicats autonomes de faire dans le chantage déguisé pour descendre le ministre. De l'avis de Messaoud Boudiba, la grève a enregistré hier et avant-hier un taux de suivi record de 93%. Ce taux important a fait que le CLA menace de revenir «dès le début du mois de mars» sur le terrain de la contestation. Ceci «au cas où la tutelle trahit ses engagements rendus publics». En somme, les syndicats autonomes accusent le ministre de faire dans la filouterie. En effet, les augmentations de salaires des enseignants annoncées en grande pompe ne reflètent pas la réalité, expliquent les syndicats. «En tout et pour tout, cette augmentation ne dépasse pas, au meilleur des cas, 3.000 dinars», explique Larbi Nouar, le président du CNAPEST. Et d'ajouter : «le ministère n'a fait que convertir d'autres primes qu'on percevait tous les six mois en primes mensuelles, ce qui a produit chez le citoyen l'illusion d'augmentation». La revalorisation «bancale» du régime indemnitaire ayant mis le feu aux poudres, avec ces augmentations «fictives» battues en brèche par les enseignants. L'UNPEF décortique… «la supercherie» Dans un communiqué, l'Unpef justifie le maintien de la grève initiée avec le Cnapest par les «augmentations insignifiantes» qui varient, selon ses calculs, entre 570 DA et 6.328 DA ainsi que «la supercherie» de la tutelle qui a intégré la prime de rendement «plafonnée» dans le salaire mensuel -alors que celle-ci est semestrielle- et varie entre 0 et 40%, selon les grades. La goutte qui a fait déborder le vase est la non-promulgation de la nouvelle décision relative à la gestion des œuvres sociales et la non-concrétisation du dossier de la médecine du travail «conformément aux lois de la République, notamment la loi 07/88 et le décret exécutif 120/93. L'Unpef revendique aussi de bénéficier des nouvelles indemnités omises dans le décret exécutif 78/10 du 24 février 2010, la promulgation de la décision relative à la gestion des œuvres sociales ainsi que la promulgation du régime indemnitaire des corps communs.