Le développement rapide, en particulier aux Etats-Unis des gaz non-conventionnels, a finalement convaincu la compagnie nationale des hydrocarbures de mettre en valeur les gisements peu ou pas exploités dans le sud du pays. Un programme pour l'exploitation des gisements de gaz non-conventionnels est en cours de lancement. L'annonce a été faite hier matin par le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. La Sonatrach est en train de former ses cadres sur ces techniques d'extraction des gaz non-conventionnels. Ce type de gaz était connu depuis longtemps, mais il était peu ou pas exploité jusqu'à ce que le prix du gaz et l'amélioration des techniques d'extraction n'en relancent l'exploitation. Le forage horizontal -en particulier et la fracturation hydraulique des roches qui permet de mettre en place à partir d'un premier forage tout un réseau de points de récupération du gaz dans la roche- a rendu possible le développement de la production de ce gaz non-conventionnel, en particulier aux Etats-Unis, avec l'émergence de petits producteurs comme Cheaspeake ou XTO Energy. Le développement brutal de l'exploitation des gaz non-conventionnels inquiète sérieusement les grands producteurs de gaz naturel, notamment l'Algérie. La rencontre ministérielle du 10ème forum des pays exportateurs de gaz (prévue le 19 avril 2010 au Centre des conventions d'Oran) sera consacrée pour examiner l'impact des gaz non-conventionnels sur les prix du gaz. Une étude initiée par l'Algérie a été entreprise pour évaluer le bilan offre/demande de gaz naturel à moyen terme sur les principaux marchés de consommation. Cette étude ambitionne de trouver une solution à la nouvelle donne. «La découverte du gaz non-conventionnel aux Etats-Unis à été une surprise, cette nouvelle donne a influencé non seulement le prix du gaz sur le marché mondial, mais aussi les stratégies des pays exportateurs. Il est donc impératif que ces pays exportateurs travaillent dans la coordination afin de trouver des solutions de vente du gaz, étant donné que même l'Algérie ou d'autres pays ont des réserves de gaz non-conventionnel qui peuvent être développées à l'avenir», avait déclaré récemment le même ministre. Lors de la prochaine réunion d'Oran, les ministres débattront des principales conclusions de cette étude et initieront un plan d'action visant à élaborer une stratégie pour développer une véritable coordination entre les pays membres et ce, afin d'anticiper les réactions des marchés gaziers. A signaler que le développement du gaz non-conventionnel par les Etats-Unis est en train de bouleverser le marché mondial du gaz. Cette évolution, qui est due à des technologies innovantes dans le domaine, commence d'ores et déjà à se faire sentir sur le marché classique du gaz. A l'avenir, cette nouvelle tendance va provoquer un excédent dans l'offre sur le marché, qui va par la suite influer sur les conventions à court et à long termes dans le secteur. Les pays signataires des conventions d'achat de gaz à long terme vont changer leur vision à l'avenir et vont pourvoir opter pour l'achat du gaz à un prix bas seulement, au lieu de s'engager dans des conventions où le prix du gaz est indexé sur celui du pétrole. Il convient de signaler que le gaz non-conventionnel représente à peine 4 % des réserves mondiales de gaz, selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). L'an dernier, il a assuré 12 % des volumes produits dans le monde. En 2030, le gaz non-conventionnel devrait représenter près de 60 % de la production américaine de gaz, contre à peine 30% en 2000, selon l'AIE. Depuis 1990, la production de ce type de gaz a quasiment été multipliée par 4 aux Etats-Unis, pour atteindre 300 milliards de mètres cubes l'an dernier. Soit plus de la moitié des volumes extraits du sous-sol américain.