Le leader mondial des tubes en acier sans soudure, Vallourec, a annoncé lundi la construction dans l'Ohio aux Etats-Unis d'une usine de tubes de petits diamètres. Coût de l'investissement initial: 650 millions d'euros. Une annonce comme une autre ? Pas vraiment, puisque cette unité, créée pour "répondre aux besoins du marché nord-amérciain du pétrole et de gaz", d'après le communiqué du groupe paru lundi soir, sera équipée d'installations en finition premium et la production sera essentiellement composée de tubes pour servir les développements de gaz de schistes. Un segment dont les perspectives à moyen terme sont pour le moins porteuses. D'après les récentes prévisions, le gaz non conventionnel va révolutionner l'énergie : ils représenteront à terme 85% des volumes de gaz aux Etats-Unis. Vallourec, dont les ambitions sur les gaz non conventionnels sont partagées par ExxonMobil, avec son OPA sur XTO pour 41 milliards d'euros, ou encore par Total, en montant une co-entreprise avec Chesapeake. Le démarrage des activités sur cette usine est prévu au quatrième trimestre 2011, avec une montée de production étalée sur 15 mois. Le site permettra de créer 350 emplois, précise le groupe. "Cette installation d'une capacité de 350 Kt/an (soit 12% des capacités existantes du groupe) pourra être portée à 500 Kt/an pour un investissement additionnel de quelques dizaines de millions de dollars", explique un analyste parisien. Les gaz non conventionnels sont des gaz connus comme le grisou présent dans toutes les mines de charbon ou encore de gaz de schistes, présent à faible densité dans ce type de roche ou encore de "tight gas", gaz compact, présent dans de petits réservoirs difficiles d'accès. Par opposition aux énormes gisements de gaz du moyen orient facilement accessibles et de très grande capacité qui en rendent l'exploitation peu coûteuse, tout au moins pour l'amener à la surface. On en trouve en différents endroits, aux États Unis mais aussi au Kazakhstan, au Canada, au Venezuela et en d'autres parties du globe. Ce sont en général des petits producteurs qui se sont lancés dans l'exploitation de ces petits gisements qui étaient plus à la portée de leurs capacités techniques et financières et de leur culture entrepreneuriale que les méga gisements du golfe et les méga projets des compagnies multinationales. C'est l'amélioration des techniques de forage qui en a permis l'exploitation. Le forage horizontal en particulier et la fracturation hydraulique des roches qui permet de mettre en place à partir d'un premier forage tout un réseau de points de récupération du gaz dans la roche qui a rendu possible le développement de la production de ce gaz non conventionnel en particulier aux Etats-Unis avec l'émergence de ces petits producteurs comme Cheaspeake ou XTO energy. La production de ce type de gaz est devenue une proportion très importante de la production totale de gaz américaine qui était sur le déclin. Elle a été la cause d'une forte baisse du prix du gaz dans le pays et a affecté de ce fait la rentabilité des mégaprojets du Golfe persique et de leur usines de liquéfaction très coûteuses. La réaction des multinationales a été rapide. C'est ce qui explique l'OPA récente lancée par ExxonMobil sur XTO Energy aux Etats-Unis à un prix de 41 milliards de dollars!! C'est ce qui explique également le rachat de participation dans tel ou tel gisement non conventionnel par BP ou le norvégien StatoilHydro. C'est le cas également de Total qui vient d'annoncer le rachat à Cheasapeake d'une participation de 25 % dans le gisement non conventionnel des Barnett Shales qui leur appartient pour un montant de 2.25 milliards de dollars. Le but étant de reproduire cette technique d'exploration dans le reste du monde... Il convient de signaler que le gaz non conventionnel représente à peine 4 % des réserves mondiales de gaz, selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Mais il a assuré 12 % des volumes produits dans le monde l'an dernier. En 2030, le gaz non conventionnel devrait représenter près de 60 % de la production américaine de gaz, contre à peine 30% en 2000, selon l'AIE. Depuis 1990, la production de ce type de gaz a quasiment été multipliée par 4 aux Etats-Unis, pour atteindre 300 milliards de mètres cubes l'an dernier, soit plus de la moitié des volumes extraits du sous-sol américain.