Le gaz de schiste attise les convoitises. Aux Etats-Unis, les grandes manœuvres ont déjà commencé. Mais cette nouvelle énergie aiguise les appétits dans bon nombre de pays et l'Algérie n'échappe pas à cela. Il faut dire qu'actuellement on se plait à mettre en avant les réserves conventionnelles de l'Algérie, mais le développement des techniques de forage pourrait changer la donne et les prémices sont déjà là. Il faut dire que le ministre de l'Energie et des Mines avaient récemment donné le ton. Le recours aux nouvelles technologies en matière d'exploration constitue un atout pour accroître les capacités de production hydrocarbures et élargir les possibilité d'exploration, notamment dans le nord du pays. Nombre d'observateurs avaient conclu à l'ouverture de nouvelles possibilités pour l'exploration et d'exploitation de pétrole lourd et de gaz naturel. Néanmoins, l'enjeu est plus grand et pourrait s'élargir aux gaz de schiste, qui ouvrent de nouvelles opportunités dans la perspective d'une baisse des réserves de gaz naturel. La course est donc d'ores et déjà lancée. Et l'Algérie est bien consciente des enjeux, d'où l'intérêt porté par la compagnie national des hydrocarbures, Sonatrach, à ce nouveau créneau. Ainsi, le ministre de l'Energie et des Mines, a récemment annoncé qu'un programme pour l'exploitation des gisements de gaz non conventionnels est en cours de lancement. Il a précisé, dans ce sens, que Sonatrach est en train de former ses cadres sur ces techniques d'extraction des gaz non conventionnels. Mais Sonatrach n'est pas la seule dans cette course. La compagnie française Total porte un intérêt particulier à ces gisements. Ainsi, Total a récemment affiché son intérêt pour l'acquisition de positions dans le gaz de schiste en France, au Danemark, en Argentine et en Afrique du Nord. Aussi, Total envisage d'accroître ses investissements en Algérie pour y consolider ses positions. la compagnie a d'ailleurs signé un contrat avec Alnaft (Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures) et Sonatrach pour le développement du champ de gaz de l'Ahnet,. Appâtée par les gains à réaliser en Algérie, la compagnie ne semble pas s'émouvoir du cadre réglementaire régissant le secteur des hydrocarbures algérien. " Il y a des moments où il ne faut pas s'appesantir sur des choses qui ne sont pas aussi importantes que cela. Ce n'est pas le 51/49 qui compte. Ce qui compte, c'est de bien travailler ensemble pour lancer ce projet ", avait alors indiqué le P-DG de Total, Christophe de Margerie. L'ambition est donc clairement affichée. Néanmoins, les objectifs de part et d'autre pourraient diverger. Si pour les majors pétrolières l'attrait des gaz de schiste s'affirme en termes de rentabilité et de coût et se positionne comme nouvelle source d'énergie extrêmement importante, pour l'Algérie la vision peut être tout autre. Il ne faut pas perdre de vue que la priorité des pays producteurs de gaz est de maintenir les prix du gaz à un niveau juste, tout en essayant de préserver les ressources, d'où le cheminement que prennent ces derniers vers une réduction de l'offre de gaz sur les marchés internationaux afin de stabiliser les prix. Dans ce sens, M. Khelil, qui avait récemment indiqué que la prochaine réunion du Forum des pays exportateurs de gaz devrait se pencher sur la question à Oran, a estimé qu'un prix de 13-14 dollars par MBTU est équitable. Il faut dire que le marché mondial du gaz a été complètement bouleversé suite à l'entrée en ligne d'un trouble-fête nommé gaz non conventionnel ou gaz de Schiste. La production de ce type de gaz est devenue une proportion très importante de la production totale de gaz américaine qui était sur le déclin. Elle a été la cause d'une forte baisse du prix du gaz dans le pays et a affecté, de ce fait, la rentabilité des mégaprojets du Golfe persique et de leurs usines de liquéfaction très coûteuses. Aussi, les inquiétudes à propos de la menace que représentent les gaz non conventionnels ne cessent de grandir chez les grands producteurs de gaz naturel. L'Algérie et la Russie affichent certaines appréhensions. Il convient de signaler que le gaz non conventionnel représente à peine 4 % des réserves mondiales de gaz, selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Mais il a assuré 12 % des volumes produits dans le monde l'an dernier. En 2030, le gaz non conventionnel devrait représenter près de 60 % de la production américaine de gaz, contre à peine 30% en 2000, selon l'AIE. C'est dans ce sens justement que l'Algérie présentera au forum d'Oran une étude globale sur la situation du marché gazier.