La démission des entreprises publics du FCE, aussi inattendue soit-elle, pose de manière fondamentale le débat sur le poids et les stratégies des différents acteurs de la scène nationale ainsi que la notion de patronat en Algérie. Ce retrait repose également le débat sur le statut d'une organisation qui «surfe» entre un style «Medef» et une association regroupant tous les entreprises (publics et privé). Créé en 2000 dans une Algérie en pleine mutation, le FCE, de par son statut, a pour vocation d'être beaucoup plus une force de proposition et de réflexion qu'une organisation patronale au sens plein du terme. Or, il aura fallu que la crise financière mondiale et les mesures draconiennes prises par le gouvernement illustrées par la LFC 2009 pour que le FCE se mette en quête d'une identité. Les diverses prises de positions, de plus en plus marquantes, et ce depuis l'automne dernier, ont quelque peu fait jaser en haut lieu. Hamiani en multipliant les critiques n'a semble-t-il pas tiré les leçons d'une autre structure, tout aussi importante, qui avait subi le même sort, à savoir le CNES version Mentouri. On ne pose pas des problématiques et autres propositions qui vont à contre sens de la politique «officielle». Hamiani a-t-il occulté les «fondamentaux» de la politique à l'algérienne? A cette interrogation, la réponse est oui. Le FCE a-t-il le pouvoir ou la capacité de peser sur une scène économique «saucée» à un «dirigisme libéral» ? A celle-ci, la réponse est non. De ce fait, il urge de refonder la nature même de l'actuelle association patronale en la muant en une véritable organisation défendant les intérêts des entreprises mais aussi de se positionner en tant qu'acteur et partenaire incontournables du paysage économique et même politique national. Par ce retrait, le patronat se trouve à la croisée de son chemin. Ne dit-on pas que, parfois, le malheur des uns fait le bonheur des autres. L'aubaine est offerte pour qu'une véritable identité s'élabore «dépoussiérée» de ses complexes. Les travailleurs l'ont bien compris en se réappropriant, tant bien que mal, leur destinée. Au patronat d'être «maitre» de son destin.