Des maillots, des tee-shirts, des chapeaux, des drapeaux et j'en passe. Belle ambiance colorée. C'est Johannesburg. Rien d'étonnant que la capitale de l'Afrique du sud soit inondée, à un mois du Mondial du football, de toutes les couleurs des équipes qui y débarqueront pour participer à la fête. Il y en a pour tous les goûts. Y compris les drapeaux des pays qui se préparent déjà pour le titre mondial. Toute la panoplie des marques y est aussi. Et la couleur dominante est, bien sûr, celle du pays hôte. Le jaune canari rappelle étrangement les couleurs de la Jeunesse de Kabylie flanquée d'un petit vert qui se marie parfaitement au décor africain. Toutes les grandes marques se côtoient partout. Les labels sont écrits noir sur blanc. Dans tous les magasins on peut s'offrir la tenue de son équipe préférée. La tenue officielle et officiellement illégale. La contrefaçon bat son plein. Le relent se répand jusqu'à l'autre bout de l'Afrique, traverse la Méditerranée et se propage avec autant de persistance jusqu'en Europe. Partout, partout, l'heure est au gagne pain. Les sans emplois s'en donnent à cœur joie actuellement. Car après le Mondial, ceux qui n'auront pas profité de l'aubaine se rongeront les ongles et se mordront les lèvres. Ce qui ne veut pas dire que les autorités sur place ne font rien pour protéger le marché légal. Mais sans grand résultat. Depuis le début de l'année, les douanes ont saisi pour plus de 100 millions de rands (environ 13 millions de dollars) de panoplie contrefaite pour le Mondial-2010, selon le fisc sud-africain. La grande majorité de la marchandise liée au football et la plupart des articles saisis proviennent de l'Asie. Principalement la Chine. Shanghai détient la palme d'or. Cette contrefaçon coûterait plus de 100 milliards de dollars par an aux pays du G20, selon de récentes statistiques et restent étroitement liées à la prochaine coupe du monde en juin 2010. Le flot d'imitations trouve son chemin vers un marché très demandeur: la vaste majorité des fans de foot dans le pays n'ont pas les moyens de s'acheter les T-shirts officiels de la Fifa au prix de 77 dollars pièce. Dans les quartiers populaires du centre de Johannesburg, les vendeurs à la sauvette proposent au vu et au su de tous des rangées de vêtements aux couleurs des 32 équipes participantes. Comme les après midis au marché de la rue des Aurès ou encore dans les rues de M'dina J'dida où il faut savoir jouer du coude et être très vigilant en même temps. Les maillots les plus prisés et les plus vendus sont ceux de l'Angleterre et du Brésil, en plus évidemment du maillot du Onze national, les Bafana Bafana. À 32 dollars, salaire minimum de deux journées et demie de travail, on ressent le devoir accompli et l'envie comblée. Le made in China a envahi l'ensemble des grandes villes. Ce qui fait dire à un négociant en vêtement « nos producteurs nationaux ne savent plus où donner de la tête. Ils perdent sur toute la ligne. À moins qu'ils n'achètent de Chine et qu'ils remplacent les étiquettes chinoises par des africaines ». Et il enchaîne en disant que c'était juste pour plaisanter. Cela rappelle aussi étrangement l'envahissement des villes algériennes de drapeaux entrés illégalement dans le pays pour que la fête de la qualification soit à la mesure des efforts du Onze national. Également «made in China», les drapeaux, fanions et housses pour rétroviseurs aux couleurs des 32 nations s'arrachent aux carrefours. Le nouveau commerce a pris le pas avantageusement pour des vendeurs à la sauvette les sempiternels chargeurs de téléphone portable et lunettes de soleil bon marché. Mais c'est la Chine qui s'en sort avec le titre mondial de la… contrefaçon.