Jalel veut aller en Afrique du Sud pour le football. Il l'a dans le sang. Il adore les stades. C'est son violon d'Ingres. Il est même capable de rester des journées entières à suivre des parties de foot. Mais pas devant un téléviseur. Il aime l'action sur le gazon. Il aime l'ambiance des tribunes et gradins. Surtout quand il s'agit de l'équipe nationale. Chaque matin, il se lève avec la ferme idée d'aller à Johannesburg. Et il la travaille des heures entières. Mais quand arrive le soir, tout se remet en cause après qu'il ait glané les dernières nouvelles en provenance de l'Afrique du Sud. Les histoires de crime le déstabilisent assez souvent à un point tel qu'il pense assez souvent à mettre fin à son projet. De l'autre côté de la barrière, les jours passent et se ressemblent pour les autorités sud africaines. Du soir au matin, du matin au soir, le leitmotiv est «sécurité, sécurité». Cela devient une obsession à moins d'un mois de la coupe du monde. Le « qui-vive » est de rigueur au sein de l'armée et la police sud-africaines. Il y a moins d'une semaine, le centre des affaires de Johannesburg a été le théâtre d'un géant exercice de simulation. Histoire de montrer au monde entier que L'Afrique du Sud mérite le mondial de soccer 2010 et que le choix n'est pas tombé du ciel, mais bien réfléchi. L'Afrique du Sud veut tout simplement prouver à la communauté internationale et aux supporters inquiets que les forces de sécurité sont prêtes à faire face à tous les dangers pendant la compétition. Sauf que, entre les deux, on annonce une moyenne de pas moins de cinquante morts quotidiennement dont dix sept pour la seule ville de Johannesburg. Mais, de la capitale sud africaine, les voix n'arrêtent pas de rassurer pour sauver la coupe du monde tant sur le plan sportif que sur le plan économique. Pour se faire, La police envisage de consacrer 640 millions de rands (64 millions de dollars) pour déployer spécialement 41. 000 officiers pour la Coupe du monde. Le nombre total des policiers sera passé de 55. 000 aujourd'hui à 190. 000 en 2010, selon les media sud- africains. 665 millions de rands (66 millions de dollars) sont dépensés pour l'achat d'équipements comme hélicoptères et avions sans pilote, des équipements pour le contrôle des frontières, équipements anti-émeute. À Johannesburg, on ne lésine sur les moyens. Certains citoyens non plus. Particulièrement les propriétaires de maisons. Une fonctionnaire d'âge moyen a déposé sa démission il y a une année. Avec ses économies, elle a rénové sa maison. Elle l'a entièrement équipée. L'heureux futur locataire n'aura à ramener que ses affaires personnelles pour l'équivalent de quarante dollars la nuit par personne. Pas cher ce bed and breakfast comparativement aux suites dans les hôtels qui sont louées pour quelque deux cents dollars la nuitée. Mais la paranoïa sécuritaire qui accompagne ce fléau bien réel est tout aussi spectaculaire. Rares sont les murs d'enceinte des maisons occupées par la classe moyenne qui ne sont pas surmontés par des fils électriques. Avant de pouvoir entrer à l'intérieur, il faut en général ouvrir 4 à 5 portes à l'aide de clés différentes. À Pretoria, siège du gouvernement, les bâtisses des personnalités importantes sont entourées de plusieurs rangées de barrières électrifiées parfois hautes de plus de 10 mètres, séparées par des chemins de ronde éclairés la nuit. Voilà pourquoi chaque soir les mêmes idées hantent Jajel qui ne sait plus sur quel pied danser malgré toutes les affirmations pour rassurer les visiteurs amoureux du football.