Les plans quinquennaux des trois mandats du Président de la République ont coûté plus de 636 milliards de dollars, plus les rallonges budgétaires prodiguées pour réanimer les grands projets publics. Initialement annoncée à 150 milliards de dollars (déclarations de Ahmed Ouyahia en mai 2009, ndlr), l'enveloppe du Plan quinquennal ter (03), a été augmentée de 130 autres milliards de dollars, soit de presque le double. Le député RCD Boubkeur Derguini avait affirmé que ce plan est trop risqué, dans l'environnement des affaires actuel. Ainsi, il demande au 1er ministre de connaître l'intégralité des sources de financement et à savoir quelles sont les incidences de ce plan sur les agrégats macroéconomiques. Question pertinente, si on prend en considération que ce sont les finances publiques qui étayeront ces projets de 286 milliards de dollars. En effet, la problématique des réserves de changes appelle un autre questionnement qui est celui de la composition du portefeuille des devises et la politique de placement pour préserver le capital de la Nation, garantir sa liquidité et maximiser la rentabilité sans risque…en d'autres termes, garantir l'avenir proche du pays. Dans la cohorte de ses prédécesseurs, le plan 2010/2014 sera approuvé et maintenu. Comme à l'accoutumée, l'approbation de ce plan «pharaonique», par les deux chambres du Parlement n'est qu'une formalité. Quoique certaines voix qui se déclarent d'opposition, critiquent vivement cette politique de plans «Marshall». En effet, le député du parti RCD, Boubekeur Derguini, avait interpellé le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sur la «majesté» financière du troisième plan, «approuvée sans la moindre explication», atteste-t-il. Le député RCD s'interroge sur les principes qui ont amené les décideurs publics à augmenter de 130 milliards de dollars, le troisième plan. «Vous aviez précisé que le financement s'effectuerait sur fonds propres et sans recours à l'endettement extérieur. Vous ajoutiez que l'inscription et la réalisation des projets, notamment les plus importants, obéiront à des études détaillées, dans le cadre d'un nouveau décret, régissant la gestion des programmes de développement», interpellait-il le 1er ministre. Et de souligner : «L'objectif aurait été de réduire les taux des réévaluations qui dans bien des cas atteignent des seuils intolérables. Aujourd'hui, changement de cap, vous proposez toujours pour ce même plan, un volume de 280 milliards de dollars au lieu des 150 milliards de dollars initialement projetés». Par le biais de son député, le RCD exige «un bilan détaillé des deux précédents plans quinquennaux respectivement de 150 milliards de dollars (1999-2004) et de 200 milliards de dollars (2004-2009 ». Boubkeur Derguini précise aussi que «le 1er ministre n'a, jusque-là, présenté aucun bilan, hormis des informations vagues se rapportant à un hypothétique taux de croissance du PIB hors hydrocarbures de 4%, relevé par la suite à 6%, sans justification». Pour ce député, «l'annonce de ce nouveau chiffre d'investissement faite en dehors du cadre de l'Exécutif, semble même relever de l'improvisation». Décision, estime-t-il, pour le moins «surprenante» lorsque l'on sait que la tendance à court et moyen termes des recettes pétrolières est à la baisse. Ancrage des plans quinquennaux dans l'économie mondiale Avec 286 milliards de dollars (21.214 milliards de Dinars), le plan 2010/2014 a battu tous les records et constitue comme un paradoxe dans l'environnement économique mondial qui préconise de la parcimonie et de la rigueur budgétaire, afin de pallier à une seconde crise financière globale. Le Conseil des ministre en approuvant le plan quinquennal 2010/2014 s'inscrit dans la continuité de la «politique du développement» du Chef de l'Etat. Mais les scandales qui ont affecté les deux premiers plans quinquennaux ont installé un scepticisme et une défiance sans pareils chez la population. En effet, les scandales du népotisme et de corruption à Sonatrach, les revers de l'autoroute Est/Ouest qui a coûté les yeux de la tête et dont le coût global n'a pas encore été communiqué, les entrepreneurs étrangers «vampires et opportunistes» qui ont profité de cette manne financière… providentielle dans un monde en crise et les stupres d'une gabegie et d'amateurisme affligeant dans le gestion des affaires publiques se constituent comme des isthmes sur lesquels s'échoient toutes les bonnes volontés désirant faire le relais entre le sommet et la base, la population. Il serait aussi fastidieux d'énumérer tous les scandales qui ont entaché les projets et les marchés des plans quinquennaux. Encouragé par la manne financière des hydrocarbures qui ont pris des pics inédits, le 1er plan quinquennal a bénéficié d'enveloppe budgétaire faramineuse. Ce 1er plan est intervenu après une longue période de «thésaurisation». Dans la presse et dans la rue algériennes, tout le monde parlait d'une politique préventive, préconisée par le Président pour contrer la corruption. Si on injectait ces milliards thésaurisés dans le développement des infrastructures du pays, cette manne sera absorbée, par la corruption. En effet, les réserves de change algériennes ont atteint des montants importants et, relativement, les détournements de fonds publics ont été également impressionnants. Idem pour le second plan qui a été également soutenu par les finances publiques, dans un environnement de crise économique et financière globale. Les réserves de change étaient de quelque 145,6 milliards de dollars à la fin de l'année 2008, 173,4 milliards en 2009, 197,5 milliards de dollars en 2010. Pour le troisième plan, les réserves du change du pays seront également importante : 218,9 milliards de dollars en 2011 et enfin 238,9 milliards de dollars en 2012. Le FMI prévoit que, jusqu'à 2012, en moyenne, la part des hydrocarbures dans les exportations totales algériennes serait de 98,3%. A ce sujet, le Gouverneur de la Banque d'Algérie, M.Laksaci a expliqué que «la Banque d'Algérie préconise la conduite de la diversification des devises de placement (de l'Algérie) corrélativement à la poursuite d'une gestion prudente des réserves, en termes de niveau de risques inhérents aux instruments de placement, de faire face, dans une grande mesure, aux turbulences sur les marchés financiers internationaux». L'accroissement soutenu du niveau des réserves de change conjugué avec une diversification des devises en placement, est préconisé pour protéger le pays contre les risques futurs de change entre les principales devises. A bon entendeur salut !