Rien ne semble pouvoir arrêter le pétrole dans son inexorable marche vers de nouveaux records. Le pétrole a fini par franchir vendredi la barre des 125 dollars le baril. Le future juin sur le brut US a atteint un record de 125,12 dollars avant de revenir à 125,06 dollars, soit une hausse de 1,11% vers 10h30 GMT. Le future juin sur le Brent gagnait 1,24% à 124,36 dollars après un pic de 124,44. Ajusté de l'inflation, le brut dépasse maintenant son pic de 101,70 dollars atteint en avril 1980, un an après la Révolution iranienne, selon l'Agence internationale de l'énergie. Les fonds investissent en masse le marché des matières premières pour y réaliser de juteux bénéfices en cette période de flambée inflationniste des prix de l'énergie et des produits alimentaires. En une semaine, cette course effrénée s'est marquée par un bond de plus de 12 dollars à New York et de 13 dollars à Londres, laissant les analystes du secteur perplexes devant cette flambée que rien ne semble pouvoir arrêter. Ces records battus quasi quotidiennement par le baril ne s'expliquent pourtant pas. Reconstitution des stocks pétroliers américains, absence de nouvelles perturbations importantes dans de grands pays producteurs, rebond du dollar... tout apparaissait plutôt de nature à faire refluer le marché de l'or noir. Ce dernier bond en avant des prix du pétrole paraît d'autant plus étonnant qu'il est déconnecté des mouvements du dollar. En effet, le billet vert, qui stagnait jeudi, avait repris nettement du terrain sur l'euro depuis quelques jours. Il évoluait à 1,5393 dollar pour un euro vers 20H15 GMT, à près de 4% du plancher historique de 1,6019 dollar pour un euro, atteint le 22 avril. En théorie, ce regain de vigueur de la devise américaine, dans laquelle est monnayé le pétrole brut, aurait dû peser sur les prix du pétrole, en éloignant les investisseurs qui avaient profité de la chute du dollar pour protéger leurs portefeuilles de l'impact de l'inflation dans les marchés de matières premières. Selon Michael Davis, de la maison de courtage Sucden, “c'est peut-être le sentiment que les risques subsistent, et aussi, (...) le sentiment que tout est possible en ce moment sur ce marché”. Par ailleurs, cette flambée des cours ne s'explique pas par un manque d'offre, comme ne cesse de le répéter l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui se dit prête à agir si le marché éprouve le besoin de mesures supplémentaires contre les cours élevés du pétrole, a indiqué jeudi le secrétaire général de l'organisation Abdallah Al-Badri. “L'organisation est prête à agir si le marché éprouve le besoin de mesures supplémentaires”, a-t-il souligné dans un communiqué, répétant que l'Opep “s'efforçait de créer les conditions d'un marché stable et équilibré avec des prix reflétant les fondamentaux, favorables aux consommateurs et aux producteurs”. M. Al-Badri a, cependant, affirmé qu'il “n'y (avait) clairement pas de pénurie de pétrole sur le marché” et que la “volatilité récente des prix était due aux événements sur les marchés financiers et à l'afflux d'argent spéculatif”. Il a rappelé la hausse des stocks américains de brut la semaine dernière, en insistant sur le fait que les stocks de l'OCDE s'établissaient à des niveaux “confortables”. M. Al-Badri a encore précisé que “plusieurs nouveaux projets de l'Opep avaient commencé à être mis en service” et que “la capacité excédentaire de production (la production disponible mais non-utilisée, ndlr) continuait à augmenter et s'établissait actuellement au-dessus de 3 millions de barils par jour”. Selon une source de l'Opep, citée par Reuters, l'organisation pourrait procéder à des consultations avant la réunion du 9 septembre à Vienne sur une éventuelle hausse de la production si les cours continuaient de monter.