Le blanchiment d'argent, le casse-tête de tous les Etats. Le phénomène a pris de l'ampleur et menace des économies. Pas moins de 800 milliards de dollars sont blanchis annuellement dans le monde. Le fléau est transnational nécessitant une collaboration étroite pour arriver à son éradication. L'Algérie n'est pas en reste, et la question se pose avec acuité ces dernières années. Un arsenal judiciaire est en phase de gestation et les pouvoirs publics entendent mettre les bouchées doubles. A en croire le président de la cellule de traitement et de renseignement financier qui se charge, entre autre, de lutter contre le blanchiment d'argent, “ un noueau décret est en préparation ”. Abdelmadjid Amghar, invité de la radio Chaîne III, a énuméré les grands axes de ce texte qui se veut un moyen à la fois coercitif et “ pédagogique ”. Il s'agit, en premier, de combattre les “ transactions qui se font en cash, devenues au fil des années une tradition chez nous ”, a-t-il déclaré. Cette situation explique-t-il est encouragée par “ les déboires de certaines banques privées ” qui cause un préjudice en matière “ de confiance entre le client et la banque ”. Pour lui, beaucoup de temps est perdu et il est nécessaire de “ de le rattraper ”. Ainsi, il préconise de fixer le seuil pour les transactions à “ entre 200 000 et 600 00 DA ” qui doivent passer par le circuit bancaire. Chose qui ne se fait pas actuellement et les opérateurs économiques sont appelés, selon le président de la cellule, à coopérer et contribuer à harmoniser les textes. Et c'est à leur adresse qu'un travail de sensibilisation est tracé. “ Leurs avis seront pris en compte dans l'élaboration du décret qui sera applicable à partir de 2009 et qui se substituera au texte de 2005 ”, a-t-il ajouté Abdelmadjid Amgahr déplore “ l'absence de traçabilité dans les transactions commerciales ”, ce qui rend la lutte “ très difficile contre le blanchiment d'argent ”. Il souligne ainsi qu'il est indispensable de passer “ par le circuit bancaire dans toute transaction faite par les opérateurs économiques ”. A ce propos, des activités sont ciblées, notamment “ les marchés de gros, un des secteurs non organisé ”. Le président de la cellule de traitement et de renseignement financier n'omet également de relever les lacunes dans les mécanismes mis en place et qui ne fonctionnent pas, selon ses termes, “ à 100% ”. Il met en cause le circuit informel qui freine le travail de la cellule. Il est d'ailleurs établi que le commerce informel est à l'origine de “ 40% des opérations de blanchiment d'argent.Et si des progrès commencent à être enregistrés, la collaboration de certaines professions libérales comme les notaires, les huissiers de justice et les bijoutiers reste infime ”, car la lutte contre ce fléau commence par la saisine services de sécurité. A présent, seuls les banques et les établissements financiers dénoncent ces pratiques et grâce à eux “ 57 déclarations de soupçon ” sont traitées. Le travail ne s'arrêtera pas là, puisque des enquêtes seront menées dans le secteur de “ l'immobilier très décrié ces derniers temps ”. La lutte sera également menée contre “ les passeurs de fonds ”, a affirmé Abdelmadjid Amghar qui dit que l'Algérie aura une législation qui répond aux “ standards internationaux ”.