Pour souffler les bougies de sa première année à Matignon, où il est arrivé le 17 avril 2007, François Fillon a organisé dimanche soir un dîner avec ses ministres, précédé d'un "séminaire gouvernemental" dont le menu a dû être assez indigeste pour certains : ceux dont le ou les projets de loi n'ont pas été jugés prioritaires pour les six prochains mois. Et ceux dont la préparation du prochain budget s'annonce délicate. Avec ce séminaire, Matignon entendait d'abord remettre de la cohérence dans l'action gouvernementale des six prochains mois. Une hiérarchisation des projets de loi a donc été faite, avec l'objectif de mieux mobiliser une majorité parlementaire un peu déboussolée... et peu disciplinée. Mais François Fillon souhaitait aussi remobiliser les ministres sur la préparation du prochain budget, qui a la particularité d'être pour la première fois sur une base triennale (2009-2011). Le premier ministre français François Fillon veut faire du second semestre 2008 celui "des réformes de structures", avec pour objectif de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2012, a-t-il déclaré dimanche à l'issue d'un séminaire gouvernemental, un an tout juste après son arrivée à Matignon. "Notre objectif reste inchangé: nous voulons atteindre l'équilibre des finances publiques en 2012. Et dès 2009, nous nous sommes fixés un objectif absolu: un déficit limité à 2% du PIB", a déclaré le Premier ministre à la presse. "Les chiffres de la croissance pour 2007 et pour le premier trimestre 2008 publiés par l'INSEE ont montré cette semaine que l'effort de réforme de l'économie que nous avons engagé dès le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy a porté ses fruits", a-t-il valoir. "Nous allons continuer sur cette voie en faisant du deuxième semestre 2008 celui des réformes de structure, seul moyen d'atteindre notre objectif d'équilibre parce qu'il permettra de maintenir la dynamique de l'économie française tout en réduisant le poids de la dette publique", a encore déclaré le Premier ministre. dit M. Fillon. Seule véritable annonce: la réunion le 28 mai de la Conférence nationale des finances publiques dans le but "d'établir les budgets publics sur une base triennale dès 2009". Fin juin, a détaillé le chef du gouvernement, "les enveloppes budgétaires par mission seront fixées pour trois ans ainsi que la norme d'évolution des emplois de l'Etat". Cette "norme", a-t-il souligné, "respectera globalement le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite". Par ce message de fermeté, Matignon entend bien évidemment donner des gages à Bruxelles, qui menace d'envoyer une mise en garde à Paris sur les déficits publics. Au-delà de la querelle de chiffres avec Bruxelles, il s'agit de montrer que le gouvernement français va oeuvrer avec méthode pour limiter le déficit public comme promis à 2% en 2009 et pour équilibrer les comptes en 2012. Comme on le dit à Matignon, l'idée est de "crédibiliser" cet objectif. La démarche rejoint l'inscription dans la Constitution d'un principe général d'équilibre des finances publiques. Nicolas Sarkozy a annoncé samedi, au congrès de fondation du Nouveau Centre à Nîmes, que le gouvernement donnait son aval à deux amendements présentés par ce parti, posant ces nouvelles règles, inspirées de la "règle d'or" appliqué au Royaume-Uni ou en Allemagne. Un principe qualifié de "ruse" par François Bayrou et de "grotesque" par Arnaud Montebourg... Outre qu'il permet au gouvernement de s'attirer les bonnes grâces du Nouveau Centre, il s'agit en fait surtout d'une opération de communication destinée à montrer - là encore - que la France est résolue à s'attaquer aux déficits publics. Comme on le souligne à Bercy, "poser une règle ne résout pas le problème, mais si ça ne fait pas de bien, ça ne fait pas de mal !". Au ministère du Budget, on estime que la mobilisation de tous les ministres pour réduire les déficits publics est d'autant plus nécessaire que les charges d'intérêt de la dette et celles des retraites vont peser lourdement ces trois prochaines années. Ce qui réduit encore plus la marge de manoeuvre. Pour cadrer un peu plus encore la dépense, Bercy propose cette année de discuter en même temps des dépenses fiscales et des dépenses budgétaires. Ceci afin d'éviter que ne surgissent, à l'automne, des crédit d'impôts imprévus et parfois fort coûteux. Stéphanie Tisserond