Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a déclaré que « l'Etat examine la possibilité d'un apport de capital pour équilibrer les comptes de Sonelgaz » . L'Etat entend renflouer les caisses du groupe public de l'électricité et du gaz, Sonelgaz, afin de le faire sortir d'une situation financière embarrassante. L'endettement global de l'entreprise a augmenté de 50% pendant l'année 2008. Les dettes d'investissements sont en hausse de 41% en raison de la mobilisation de nouveaux crédits, à savoir les emprunts obligataires estimés à 30 milliards de dinars (une hausse de 52%) et les emprunts bancaires évalués à 75,6 milliards de dinars (+ 46%). Les dettes envers les sociétés apparentées s'élèvent, elles, à 40,3 milliards de dinars, tandis que la dette externe se situe toujours à 4 milliards de dinars. Ces chiffres ont été communiqués hier par Sonelgaz, lors d'une conférence de presse consacrée au bilan de l'activité du groupe pour l'exercice 2008. Sonelgaz peine à mobiliser les ressources financières nécessaires pour financer ses investissements, dont le montant s'était établi à 205 milliards de dinars. Le programme d'investissement à l'horizon 2013 nécessitera un financement de plus de 800 milliards de dinars, alors que les investissements globaux du groupe à l'horizon 2009 devront coûter une enveloppe de 3000 milliards de dinars, a indiqué Noureddine Bouterfa, PDG du groupe Sonelgaz. Compte tenu de sa situation financière difficile, le ministre de l'Energie et des mines, Chakib Khelil présent hier à la cérémonie de présentation des comptes consolidés du groupe pour l'exercice 2008, a déclaré que « l'Etat examine la possibilité d'un apport de capital pour équilibrer les comptes de Sonelgaz ». La situation est beaucoup plus compliquée lorsqu'on sait que le niveau des créances détenues sur les clients du groupe a atteint la barre inquiétante des 40,494 milliards de dinars en 2008, soit une hausse de 7% par rapport à l'année 2007. Interrogé au sujet de ce phénomène, M. Bouterfa a affirmé que « Sonelgaz n'a pas pour mission de courir derrière les mauvais payeurs ». Sur la pyramide des créances exigibles, les clients domestiques occupent le point culminant avec un taux de 25%, viendra en seconde position les clients PME/PME (21%) et, ensuite, les clients industriels avec une proportion de 15%. Capacités de production d'électricité en baisse Ainsi, malgré une augmentation de 9% du chiffre d'affaires du groupe (137,551 milliards de dinars à fin 2008), Sonelgaz est sur une mauvaise pente et son autofinancement, environ 32 milliards de dinars, a fortement chuté en 2008. Le PDG de Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, estime que le gel des tarifs de l'électricité et du gaz était quelque peu à l'origine de ce déséquilibre financier de son groupe. Selon M. Abdelkader Choual, directeur des finances au niveau de Sonelgaz, l'impact du gel des tarifs a généré un manque à gagner de l'ordre de 19,811 milliards de dinars. Les pertes de l'énergie sur les réseaux représentent un taux de 9,30% et engendrent, en valeur, des préjudices qui s'élèvent à près de 10 milliards de dinars, selon les explications de M. Choual. En termes de production, l'année 2008 s'est caractérisée aussi par une diminution de quelques indicateurs de performances du groupe. Selon les chiffres consolidés de Sonelgaz, hors filiales, la capacité installée totale pour la production d'électricité a atteint 8041 MW en 2008, contre 8412 en 2007, en baisse de 4,41%. La capacité des sociétés de production d'électricité du groupe (SPE) a atteint l'année passée 6381 MW contre 6752 MW en 2007, en recul de 5,5%. Quant aux capacités installées des producteurs indépendants, elles se sont stabilisées à 1660 MW durant les deux dernières années, des résultats qui n'ont pas influé sur le niveau de production totale qui s'est établi en 2008 à 39 993 GWh en hausse de quelque 8% par rapport à 2007. Le parc de production prévu sur la période 2009-2019 totalisera une puissance de 11 800 MW pour le réseau interconnecté national et 500 MW pour les réseaux isolés du Sud. Une quinzaine de centrales électriques de Sonelgaz et d'autres producteurs entreront en production entre 2009 et 2015. Au sujet de l'internationalisation de l'entreprise Sonelgaz, à l'image de l'autre groupe public Sonatrach, Chakib Khelil a estimé que la réussite de ce projet dépend d'une décision politique claire et d'une santé financière plus solide de l'entreprise Sonelgaz. « La décision politique doit se traduire par le soutien par l'Etat de l'entreprise », a conclu le ministre.