Les cours du pétrole continuent à se maintenir au sommet et l'inquiétude des consommateurs grandit à mesure que les prix s'affolent. Même si la pression augmente sur les pays producteurs pour mettre plus de brut sur le marché, rien ne semble arrêter la course des cours vers de nouveaux records. Une situation qui risque de perdurer, selon le ministre de l'Energie et des Mines, et actuel président de l'Opep, M. Chakib Khelil. Hier, dans un entretien à la Radio nationale espagnole, M. Khelil a estimé que le prix du pétrole va continuer à augmenter, surtout si la tendance suivie par l'économie américaine se maintient. "Nous allons assister à une augmentation des prix", spécialement si la situation économique aux Etats-Unis se maintient et que le dollar continue de se dévaluer, a-t-il déclaré. M. Khelil a attribué la responsabilité de cette hausse aux spéculateurs, aux troubles géopolitiques, et à la faiblesse du dollar, tous des "facteurs hors du contrôle de l'organisation" des pays exportateurs de pétrole (Opep)."Si l'Opep décide d'augmenter la production, (...) à cause de la spéculation, ces augmentations ne vont pas vraiment baisser les prix", a-t-il ajouté. Il est utile de rappeler, dans ce contexte, que le ministre avait affirmé jeudi dernier, en marge des travaux de l'Assemblé populaire nationale (APN), que la croissance soutenue de la demande des grands consommateurs et des pays émergents et la dévaluation continue du dollar, le recul de la production du brut dans les pays gros producteurs non-Opep tels la Russie, la Norvège et le Mexique, a contribué à la hausse des cours. M. Khelil a également expliqué que la consommation des produits pétroliers aux Etats-unis devra, à terme, augmenter davantage en raison des promesses électorales faites par les candidats à la présidentielle de novembre 2008 de baisser les taxes sur les carburants au profit des consommateurs américains. En outre, la hausse des cours du brut est due aussi aux nouvelles donnes que connaît désormais le marché pétrolier à travers notamment la décision prise par l'Arabie Saoudite de ne plus procéder à l'exploration de nouveaux gisements pétroliers à partir de 2009, a-t-il ajouté. Un avis partagé par le président du Centre arabe d'études pétrolières (CAEP), Nicolas Sarkis, qui a indiqué la semaine dernière que les prix du pétrole devraient continuer à augmenter à court terme et pourraient atteindre de nouveaux seuils malgré la présence d'une offre largement suffisante pour répondre à la demande des consommateurs. M. Sarkis a indiqué, dans le même contexte, que les cours du pétrole, qui tournent actuellement autour des 135 dollars le baril, pourraient atteindre la barre des 160 dollars avant fin 2008 malgré la disponibilité d'une offre "largement suffisante, non seulement, pour répondre à la demande en hausse continue des pays consommateurs, mais aussi pour alimenter les stocks de ces pays". D'ailleurs, M. Sarkis prévoit une demande mondiale de 117 millions de barils par jour à l'horizon 2030, soit un volume annuel de 42,07 milliards de barils, contre 86 millions de barils par jour actuellement (31,39 milliards de barils/an). Pour rappel, le marché du pétrole avait bouclé la séance de vendredi au-delà de 132 dollars le baril à New York, au terme d'une semaine historique où les records se sont enchaînés et où les seuils symboliques des 130 dollars, puis des 135 dollars, sont tombés à toute allure. Hier encore, les cours du pétrole étaient orientés à la hausse vers le seuil de 133 dollars le baril. Depuis le 19 mai, les cours ont gagné plus de six dollars à New York.