Les récentes émeutes de la faim, qui ont éclaté dans plusieurs pays du tiers-monde depuis septembre 2007, ont fait réagir les organisations internationales, les gouvernements et les ONG, qui désormais se mobilisent face aux risques de troubles politiques et sociaux liés à la flambée des prix agricoles. 850 millions de personnes souffrent de faim dans le monde. 820 millions d'entre elles vivent dans les pays en développement.La FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, appellent les dirigeants mondiaux à une conférence de haut niveau du 3 au 5 juin à Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et la réduction de la pauvreté dans le cadre du changement climatique et de la sécurité énergétique pour tenter de résoudre cette crise. En trois ans, les prix des denrées alimentaires ont progressé de 80% en moyenne. Entre autres denrées touchées par l'augmentation des prix, le blé (le cours mondial a progressé d'environ 55% fin 2007 par rapport à 2006), le riz (hausse de près de 30% entre 2005 et 2007), les produits laitiers (les cours ont progressé de 120% entre septembre 2006 et septembre 2007).A l'origine de la crise, les subventions agricoles et le dumping en Europe et aux Etats-Unis ont fait baisser les revenus des paysans des Etats du Sud. En réaction, les pays pauvres ont eu tendance à privilégier les productions agricoles pour l'exportation. Les cultures vivrières ont été abandonnées. Tout le monde sait que l'Union européenne s'y livre tout particulièrement: presque 40 milliards d'euros du budget de Bruxelles y sont consacrés. Seuls les spécialistes semblent savoir que les Etats-Unis ne sont pas en reste: le Congrès alloue environ 73,5 milliards de dollars tous les ans à ces fins. Second facteur, les bouleversements du climat. Les changements climatiques nuisent à la santé et à l'alimentation. Ainsi les sécheresses exceptionnelles en Australie, les cyclones (exemple la Birmanie, le Bangladesh), les grandes catastrophes, la raréfaction de l'eau et la désertification ont fait chuter de plus de 50% les exportations des denrées alimentaires.L'Afrique et l'Asie sont particulièrement touchées par l'érosion, l'épuisement des sols, la déforestation, l'accroissement de la population urbaine. Les pénuries d'eau touchent également l'Europe et principalement l'Espagne. Arrive ensuite, l'augmentation de la consommation mondiale. Les biocarburants pour leur part ont nourri la polémique. Les pays riches se sont lancés dans la course aux biocarburants. Les pays producteurs de maïs ou de colza ont ainsi sacrifié des terres arables et détourné du marché alimentaire des hectares de cultures désormais consacrés à la production d'énergie " verte ". Le cours du maïs, utilisé pour l'éthanol, a doublé en deux ans. Selon la FAO, 100 millions de tonnes de céréales - souvent subventionnées - sont nécessaires pour fabriquer de l'éthanol ou du biodiesel. Les deux géants de cette production étant le Brésil et les Etats-Unis.Et enfin la spéculation des fonds d'investissement sur les matières alimentaires (soja, blé, maïs, riz) et les marchés agricoles. Une valeur refuge après la crise dans l'immobilier aux Etats-Unis.Plus de 40 pays sont en situation de crise alimentaire selon la FAO. Certains sont confrontés à des émeutes ou à des tensions. Les émeutes de la faim ont fait plus d'une centaine de morts, des centaines de blessés et plusieurs centaines d'arrestations en Mauritanie, Burkina-Faso, Egypte, Cameroun, Guinée, Haïti, Sénégal, Côte d'Ivoire, Maroc, Mexique, Sierra-Leone, Bangladesh, Indonésie, Thaïlande, Inde, Philippines et Zimbabwe. Face à cette grave crise, l'urgence à court terme est d'aider les populations à avoir accès aux produits de première nécessité. Le PAM (Programme alimentaire mondial des Nations unies) a lancé un appel de fonds de 325 millions d'euros supplémentaires aux pays donateurs pour assurer une distribution gratuite de nourriture aux plus démunis.Certains pays ont pris des mesures palliatives immédiates comme la suspension ou la diminution des droits de douane sur les produits importés (Cameroun, Sénégal, Côte d'ivoire et Burkina Faso). Les subventions de riz en Haïti. D'autres ont décidé de réserver la production locale au marché intérieur (Thaïlande, Vietnam, Egypte, Inde).A long terme, une réforme agraire est envisagée par les pays producteurs afin d'augmenter la productivité.