En passant au-dessus de la barre des 650 dollars l'once, l'or a confirmé, hier, l'optimisme des prévisionnistes : le métal jaune brillera à nouveau de tous ses feux en 2007, il pourrait même battre de nouveaux records au cours du premier semestre. Depuis son plus haut niveau du mois de mai, à 730 dollars, le métal précieux a dégringolé d'un quart, un atterrissage à relativiser, puisque son cours progresse sur l'ensemble de l'année 2006, comme sur l'année 2005. Valeur refuge par excellence, l'or grimpe quand le billet vert s'affaisse, c'est ce qui s'est déjà produit et qui pourrait se reproduire cette année vu les doutes sur la capacité de récupération de la devise américaine. Les incertitudes liées au contexte géopolitique sont également des moteurs de croissance qui propulsent l'or au plus haut. Pour le moment les motifs de tension, crise du nucléaire avec l'Iran et la Corée du Nord, constituent encore la toile de fond de l'avenir proche. Quant aux fondamentaux, c'est-à-dire l'évolution de l'offre et de la demande du métal précieux, ils sont plutôt haussiers. Parce que les coûts d'extraction sont de plus en plus chers, les mines peinent à augmenter leur production. L'année dernière, elle a légèrement baissé, et on s'attend à une très légère reprise en 2007. Par ailleurs, l'offre issue du recyclage tend à se tarir, les sommets du printemps dernier ont poussé les détenteurs de vieux bijoux à s'en débarrasser, mais le repli des cours a rapidement asséché cette source secondaire d'approvisionnement. L'évolution de la demande est plus ambiguë. Elle est florissante pour l'or comme instrument de placements, sous forme de lingot, ou sous forme de contrat papier grâce aux ETF, des fonds qui permettent aux particuliers comme aux investisseurs institutionnels de miser sur l'or. En revanche, la demande des joailliers est plus aléatoire. Elle a piqué du nez lorsque les cours se sont emballés. Le creux de la vague devrait réactiver les achats, mais une envolée trop rapide des cours doucherai rapidement les ardeurs de l'industrie. A moyen terme, une autre industrie pourrait tailler des croupières à la joaillerie : la chirurgie esthétique ! Les nouveaux atours qu'elle procure grâce au Botox ou au silicone concurrenceraient directement les parures traditionnelles dans le cœur des dames, contraintes de renoncer à l'un pour s'offrir l'autre. Ces arbitrages pourraient être fatals au métal précieux dans les pays émergents où la cosmétique est en plein essor, mais pour l'instant c'est encore la demande physique émanant de ces pays qui domine. Pour ce qui est des autres métaux, depuis plus d'une semaine, le nickel et l'étain enchaînent les prouesses sur le marché des non ferreux de Londres. Le premier, volontiers surnommé au XVIIe siècle "le métal du diable" en raison des difficultés à l'extraire, honore sa réputation démoniaque en battant chaque jour son précédent record. Hier, il cotait 38 500 dollars la tonne livrable dans trois mois. L'étain, de son côté, a crevé un nouveau plafond en atteignant les 12 500 dollars la tonne. Le faible niveau des stocks détenus pour ces deux métaux par la bourse londonienne et les menaces de ruptures d'approvisionnement alimentent la spirale de la hausse. L'offre de nickel est suspendue aux négociations dans les mines de Sudbury et celle d'étain aux incertitudes sur la production indonésienne, en pleine restructuration. Si le scénario est relativement clair pour ces deux champions, on en reste au stade des suppositions pour l'aluminium qui progresse fermement depuis le début de l'année.