Le chômage américain et les difficultés de Lehman Brothers avertissent de la persistance des troubles économiques et bancaires. La bourse suisse a plongé de 2,4% vendredi. Obnubilés par le choc pétrolier et le retour de l'inflation, les investisseurs, hésitants, avaient un peu oublié leurs craintes du début de l'année, à savoir l'aggravation de la situation économique aux Etats-Unis et la crise du système bancaire. Deux événements sont venus leur rappeler cette semaine que ni l'un ni l'autre n'étaient réglés. Non point que la crise de l'énergie ait disparu... Vendredi, la remontée brutale du prix du brut a fait plonger les actions des grandes compagnies aériennes américaines. Le choc du chômage Sur le front de la conjoncture, Wall Street termine ainsi la semaine en prenant de plein fouet l'annonce du chômage américain le plus haut depuis... 1986. Indice vedette du marché boursier américain, le Dow Jones a très mal accueilli la nouvelle, chutant de plus de 2% vendredi en début de soirée. Depuis le début du trimestre, le marché américain parvenait à se maintenir dans le vert. Cette annonce a également amplifié l'accès de faiblesse du dollar, lancé, jeudi, par les propos du président de la Banque centrale européenne. En deux jours, le billet vert a perdu 1,7% face à l'euro. "Alors que tout le monde glosait sur la résistance du secteur industriel, les 70% restants de l'économie - que l'on appelle les consommateurs - semblent au bord de leur première récession depuis le début des années 1990", rappelle David Rosenberg, économiste chez Merrill Lynch. Pour les investisseurs, ceci signifie un coup d'arrêt à la croissance des profits des entreprises, dont le déclin reste encore limité au regard des dernières crises. Craintes bancaires intactes Dans un monde bancaire tentant toujours d'échapper au piège des "subprime", Lehman Brothers a confirmé mardi que la crise faisait encore rage. Afin de rééquilibrer son bilan, la quatrième maison de courtage américaine serait en train de négocier un apport d'argent frais approchant les 5 milliards de dollars. Les investisseurs redoutent l'annonce, le 16 juin, de ses premières pertes depuis son entrée en bourse en 1994. Le cours de ses actions, en recul de 49% cette année, a hésité cette semaine entre crise (-10%, mardi) et rédemption (+8%, jeudi).