Les places boursières ne parviendront pas à surmonter cette année la conjonction d'une inflation galopante et d'une contagion de la crise des crédits, la plupart des indices risquant de terminer l'année 2008 dans le rouge, montre une enquête réalisée par Reuters. Malgré la baisses des taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaines, ramenés à 2%, et en dépit du sursaut visible depuis mars sur les principales Bourses mondiales, les stratégistes ne croient pas à un rétablissement des places financières. La plupart d'entre eux craignent que les prix du pétrole, qui ont bondi de près de 11 dollars vendredi pour atteindre un record à 139,12 dollars le baril, conjugués aux dépréciations d'actifs massives dans le secteur financier, conduisent les marchés américains à terminer l'année dans le rouge après cinq années consécutives de progression. L'enquête trimestrielle réalisée auprès de près de 120 stratégistes sur les marchés actions de New York à Tokyo laisse entendre que seules les Bourses de Toronto et Taipei pourraient achever l'année dans le vert. Neuf des treize indices globaux présents dans le sondage risquent même de terminer dans une position plus inconfortable encore que le consensus ne l'attendait en mars. Le pessimisme s'est en effet accru ces trois derniers mois, d'autant que l'étude a été réalisée avant la séance mouvementée de vendredi, qui a vu la publication des pires chiffres de l'emploi qu'ait connu l'économie américaine en 22 ans. La banque d'investissement Lehman Brothers a ajouté à ces craintes en annonçant lundi son intention de lever six milliards de dollars (3,8 milliards d'euros environ) pour renforcer son bilan après avoir perdu près de trois milliards au deuxième trimestre. Les stratégistes s'accordent pour estimer que la volatilité va rester élevée durant le reste de l'année. Vendredi, l'indice qui mesure la volatilité a bondi de 26,46% avant de clore la séance à +23,56%, soit sa hausse la plus spectaculaire depuis le plongeon des places boursières observé le 23 mars. Le sort des indices boursiers dépend surtout de l'évolution du cours du brut, que certains voient à 150 dollars d'ici peu, d'autant que le dollar semble retombé dans une spirale baissière. La Banque centrale européenne a averti la semaine dernière qu'elle se tenait prête à relever ses taux d'intérêts dès le mois prochain pour tenter de juguler une inflation galopante. Certains investisseurs pensent que la Banque d'Angleterre pourrait lui emboîter le pas. L'indice Dax de la Bourse de Francfort et le Cac 40 parisien risquent de terminer l'année en retrait de 10%, de même que l'indice paneuropéen DJ Stoxx 50 index , montre l'enquête. La plupart des marchés asiatiques n'augurent pas de meilleurs résultats. Le Nikkei est anticipé en baisse de 2%, tandis que le Hang Seng, l'indice de Hong Kong, est prévu en recul de 6,5%. Des taux d'intérêts plus élevés pourraient ralentir davantage encore la marche des Bourses. Dans la zone euro, les places financières risquent de perdre 10% cette année, soit davantage que ce prévoient les analystes pour Londres ou New York. Les exportateurs de la zone euro risquent de continuer à souffrir si la parité euro-dollar se maintient à ses niveaux actuels. Lundi, le billet vert a atteint un plus haut de six semaines à 1,58 dollar pour un euro. Les analystes demeurent divisés quant à la stratégie à adopter pour ne pas subir les effets de la crise actuelle. La plupart estiment qu'il faut coller au plus près aux indices mais d'autres préfèrent parier sur des secteurs déjà fortement touchés par la crise, tels que les financières. Aux Etats-Unis, des stratégistes estiment que le secteur technologique sera sous le feux des projecteurs en 2008 d'autant qu'il dépasse le secteur financier en terme de volume sur le S&P 500 . Cela pourrait offrir le sursaut tant attendu par les stratégistes malgré les effets pernicieux de l'inflation.