Qualifié d'instrument stratégique dans la prise des décisions dans le contexte actuel marqué par la mondialisation, l'intelligence économique est basée sur la maîtrise des nouvelles technologies de l'information et reste très liée à l'innovation. Cependant, si la gouvernance moderne est très avancée et intégrée dans les pays développés, en Algérie, le débat est axé sur la manière d'intégrer cet aspect dans la prise des décisions. Un concept qui désigne l'anticipation et l'ensemble des actions permettant à une organisation de prendre des décisions sur la base des informations et des connaissances en sa possession. D'ailleurs, un colloque international sur la gouvernance des institutions et l'intelligence économique a débuté, hier, à Alger avec la participation d'experts nationaux et internationaux, d'universitaires et de chefs d'entreprise algériens et étrangers. Dans une allocution prononcée à l'occasion, le ministre de l'Industrie et la Promotion des investissements, M. Abdelhamid Temmar, a révélé que le concept de l'intelligence économique est inscrit dans le plan national de relance économique, mais l'organisation de l'insertion de cette dernière n'a pas encore fait l'objet "de discussions sérieuses au sein du gouvernement". N'empêche que les propositions sont toujours les bienvenues selon M. Temmar, qui a fait trois propositions dans ce cadre, il s'agit de ; la création d'un conseil de la prospective et la sécurité économique, la nomination d'un haut responsable chargé de l'intelligence économique et enfin la création d'unités d'intelligence économique au niveau des entreprises et des institutions publiques. Le ministre a indiqué que la stratégie industrielle a constitué "la première incitation institutionnelle à l'intelligence économique, considérée comme une politique publique destinée à promouvoir le développement industriel". Aujourd'hui, le contexte international et la concurrence intensive qu'il suscite, inscrivent, selon M. Temmar, "nos entreprises dans une situation inédite qui nécessite un changement radical des mentalités et des comportements", d'autant que, a-t-il dit, "nos entreprises concernées sont le plus souvent des petites et moyennes entreprises et ne peuvent que recourir à l'Etat, à défaut de pouvoir créer des services spécialisés dans la collecte et le traitement de l'information". "Trop souvent, a-t-il relevé, nos PME/PMI sont incapables de mutualiser leurs besoins et leurs moyens en matière d'acquisition et de traitement de l'information". Dès lors, a-t-il précisé, "elles se trouvent en situation de dépendance vis-à-vis d'entreprises concurrentes bien plus grandes ou d'isolement, ce qui affaiblit leur position stratégique et leur compétitivité". De ce point de vue, le ministre de l'Industrie a estimé que l'intelligence économique, en tant qu'instrument efficient de management des connaissances, est la "principale démarche pour garantir la défense et la protection du potentiel de l'entreprise et augmenter ses capacités et accroître ses parts de marché, d'une part, et celles du patrimoine national, d'autre part". Dans cette perspective, la stratégie industrielle, a ajouté le ministre, fait du développement de l'intelligence économique une "priorité nationale". Il a fait remarquer, à ce propos, que la stratégie industrielle considère l'intelligence économique comme un "excellent moyen d'apprentissage qui forme et transforme les anticipations, les préférences et les objectifs et replace les individus dans leurs rôles sociaux et, donc, leurs relations de pouvoir". Il a estimé qu'aujourd'hui, les relations entre pouvoirs publics et acteurs économiques, tant publics que privés, ne sont plus empreintes de méfiance, ajoutant qu'une amélioration et un accroissement des flux d'échanges d'information et d'expériences est à même de "donner un socle à ce processus". L'intelligence économique est définie comme étant une pratique légale consistant à rechercher, traiter et diffuser l'information en vue de son exploitation. Ce concept est traduit actuellement dans les entreprises modernes par la veille informationnelle, une activité qui consiste à étudier des informations stratégiques pour permettre d'anticiper les évolutions et les innovations du marché. L'information devient, de ce fait, un produit que les entreprises doivent exploiter intelligemment pour pénétrer les marchés, préserver des acquis ou s'imposer dans des créneaux économiques. De l'avis de certains experts, plusieurs sociétés étrangères ont réussi à s'imposer sur le marché algérien, faire de l'ombre aux entreprises algériennes et arracher des parts importantes à l'exportation grâce à des procédés relevant, essentiellement, de l'intelligence économique. A rappeler qu'un conseil de gouvernement a été consacré en 2007 à cette problématique dans le cadre du dossier portant "Stratégie et politiques de relance et de développement industriel" en Algérie, présenté par Abdelhamid Temmar, ministre des Participations et de la Promotion des investissements. Il faut dire que la définition par le gouvernement en 2006 des grands axes d'une politique nationale de l'intelligence économique était perçue comme l'amorce d'une modernisation des outils d'aide à la décision et de la politique de communication des institutions nationales. En fixant des objectifs cohérents, opportuns , qui a laissait croire à une application aérée de l'intelligence économique, notion extrêmement flexible incluant le traitement analytique de l'information dans toutes ses dimensions et avec toutes ses implications politiques, sociales et financières sur les plans interne et externe. Cependant, jusqu'à présent, aucune action concrète n'a été engagée. Il y a lieu de souligner que lors des travaux du colloque international, dédié à "la gouvernance des institutions et l'intelligence économique", plusieurs thèmes sont à l'ordre du jour, notamment l'intelligence économique, la nouvelle gouvernance des universités et les systèmes d'information. Et d'identifier les indicateurs d'intégration de l'intelligence économique au profit des décideurs publics et privés. A noter que cette rencontre de trois jours se déroule en séances plénières et en ateliers. L'objectif de ce colloque est également, selon ses initiateurs, de comprendre pourquoi l'institution publique, concernée par la gouvernance à l'instar de l'entreprise, peut bénéficier de l'appui de la démarche méthodologique de l'intelligence économique.