La crise alimentaire mondiale fait toujours l'actualité avec cette inquiétude grandissante, autant chez les pays développés que les moins nantis, en Afrique et en Asie notamment. La flambée des prix des produits de première nécessité interpelle les gouvernements à prendre davantage de mesures afin de parer aux situations les plus dramatiques. Aucun pays n'est épargné, même si certains ont pris le soin de prendre une série de dispositions, comme c'est le cas en Algérie avec le soutien aux prix. Mais la question de l'autosuffisance n'a pas encore trouvée son épilogue et la question de la sécurité alimentaire reste toujours posée. La situation est loin d'être maîtrisée, d'autant que la facture alimentaire ne cesse d'accroître. Selon le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Réda Haminai, "la facture alimentaire de l'Algérie pourrait doubler en 2010 pour dépasser les 9 milliards de dollars". Notre dépendance des importations est due, à en croire le président du FCE qui s'est exprimé sur les ondes de la radio Chaîne III, au fait que l'Etat a "toujours privilégié l'industrie au détriment de l'agriculture qui est restée le parent pauvre depuis des décennies". Réda Hamiani souligne au passage que le gouvernement a consacré un plan spécial pour le développement de l'agriculture (PNDRA) mais, selon lui, "ça reste insuffisant car il n'a pas donné les fruits escomptés, à savoir l'autosuffisance". Mais ce n'est pas tout, car il y a des facteurs exogènes comme "la crise alimentaire mondiale qui n'a pas été sans conséquences sur le reste du monde". A court terme, poursuit Réda Hamiani, "il est illusoire que l'Algérie atteigne l'objectif de l'autosuffisance". Il citera, à ce propos, plusieurs raisons, entre autres "le volume des terres arables qui reste insuffisant, la désertification qui gagne du terrain et également le vandalisme que subissent les terres fertiles". Concernant les prix des produits sur le marché intérieur, Hamiani estime que l'Etat a un rôle de régulateur à jouer à travers "l'organisation du circuit de la distribution". De même pour les importations où les pouvoirs publics sont appelés à "encadrer et contrôler cette activité et le fait qu'on est dans un régime libéral ne justifie rien" a-t-il ajouté. Réda Hamiani insiste, par ailleurs, sur le soutien que doit fournir l'Etat pour booster la production de manière générale. "Il faut sortir de l'idée que le libéralisme c'est le laisser faire, si la situation nécessite un soutien, notamment pour promouvoir l'exportation, l'Etat doit ainsi intervenir" fait-il remarquer. Evoquant justement le volet exportation qui n'arrive pas à décoller, le président du FCE impute cette situation à "l'absence de tradition d'exportation et l'inexistence d'un réseau adéquat". Réda Hamiani préconise une mise à niveau à toutes les entreprises, d'autant que le nombre de celles ayant bénéficié de cette opération ne dépasse pas les 500 PME. Par ailleurs, il tient à saluer les dernières mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la loi de finances complémentaire comme la réduction de l'IBS de 25% à 19%. Enfin, à noter que le FCE organise une rencontre aujourd'hui sur la sécurité alimentaire, une occasion, selon le président de l'organisation patronale, pour donner la parole à toutes les parties concernées "producteurs et transformateurs notamment".