En cette journée d'hier marquant le 3e congrès national du RND, le secrétaire général du parti, et l'actuel chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, défend dans son discours "une décennie de progrès", et rapporte son espoir sur l'émergence de nouveaux investissements. "Ainsi, à l'humiliation nationale du rééchelonnement, du début des années quatre vingt-dix, auquel a abouti une gestion qui a manqué de prévoyance, rééchelonnement qui s'est accompagné de douloureuses conditionnalités sociales, a succédé aujourd'hui le règlement anticipé de la dette extérieure dans sa quasi-totalité avec, en outre, une situation financière qui nous met à l'abri pour quelques années. Certes, cela est dû aux bons prix du pétrole, mais cela est aussi le fruit de la clairvoyance", déclare-t-il. En revanche, et même si Ouyahia ne sous-estime pas les progrès qui ont été accomplis pendant ces dix dernières années, en terme de chantiers ouverts ou de réformes engagées, ce dernier pense que ces importantes avancées ne sont pas suffisantes. Car, se désolera-t-il, la bureaucratie est pesante. Elle ne s'adapte toujours pas aux réformes pour se mettre efficacement au service du citoyen et elle ne réalise pas encore la nécessité cruciale de faciliter l'investissement, pour la création de richesses et surtout d'emplois si nécessaires, face au poids pesant du chômage sur la société et notamment sur les jeunes. "Notre pays est toujours gravement dépendant des seules recettes du pétrole y compris pour garantir notre alimentation importée. De jeunes algériens, acculés par le désespoir, sont contraints au suicide à travers les mers. La criminalité et les maux sociaux se propagent à travers le pays, jusque dans nos villages les plus reculés, pendant que certains sont attelés à accumuler des richesses mal acquises", dira-t-il. Pour le SG du RND, l'accélération de la progression nationale ne peut également dépendre des seuls efforts du gouvernement. "Prétendre le contraire c'est renier la finalité de la Démocratie qui est la participation de tous, et c'est nier aussi les principes de l'économie de marché fondée sur l'apport de chacun pour gagner la bataille de la compétitivité", tels sont donc les constats que présente l'Algérie, aujourd'hui, selon Ouyahia. Des progrès indéniables sont là, mais des problèmes complexes existent toujours. Pour Ouyahia, il revient à tous de donner le bon exemple, qu'il s'agisse de l'élite nationale pour éclairer les citoyens désorientés par des changements multiples et accélérés, ou qu'il s'agisse de la classe politique pour animer un débat contradictoire mais fécond, plaçant l'intérêt de l'Algérie au-dessus de tout. "L'Algérie n'avancera pas avec, d'un côté, ceux qui travaillent et de l'autre ceux qui se confinent dans la seule critique. Elle ne se redressera pas avec, d'un côté, ceux qui souffrent et, de l'autre, ceux qui s'enrichissent indûment. Elle ne se construira pas en comptant seulement sur l'apport de l'Etat, sur des droits à réclamer sans devoirs à assumer. L'Algérie ne progressera pas dans l'anarchie et dans la surenchère. Elle ne se construira pas avec l'ignorance des compétences locales au profit de schémas conçus par d'autres, de l'extérieur, pour servir d'abord leurs propres intérêts", déplore-t-il. Ouyahia voit cependant des raisons d'espérer, notamment dans la bonne gouvernance, qui, selon lui, ne consiste pas seulement à dépenser les recettes du pétrole. Pour lui, le pays doit rompre avec le mythe de "l'aisance financière". La vérité est, en effet, tout autre. Ce que dépense l'Etat représente des recettes pétrolières supérieures à 60 dollars le baril, et que l'ensemble des projets publics déjà engagés ont atteint un montant supérieur à celui des réserves de changes actuelles de l'Algérie. "Nous devons secouer nos illusions et reconnaître qu'aujourd'hui déjà, sans le pétrole, notre nourriture quotidienne ne pourrait être assurée car elle dépend de coûteuses importations, et que même les salaires des fonctionnaires ne pourraient être versés par l'Etat", avertit le SG du RND.