Cahiers de la langue et de la littérature. Voilà l'intitulé des productions et des travaux qui sortent régulièrement, et depuis quelques années, de la Faculté des lettres et des arts de Mostaganem. Le titre rappelle un peu, celui plus vieux mais tout aussi référentiel, Les cahiers du cinéma. Le quatrième numéro de cet ouvrage est sorti en mai 2006, et est consacré à un sujet jusque-là très inédit, celui de “la poétique de la ville”. Le sujet en question n'a pas été abordé dans ce livre de façon légère. Les rédacteurs de l'ouvrage ont, plutôt, abordé et le côté philosophique, sociologique, littéraire et bien entendu architectural de l'espace d'une ville qu'elle soit imaginaire donc romancé ou réelle. Les chercheurs qui ont collaboré à ce quatrième numéro dont Miloud Benhamouda, Zoubida Belaghoueg, Christiane Chaulet-Achour,…se sont appuyés sur les travaux de références d'autres universitaires à l'image du très populaire, Patrick Chamoiseau. Ce qui semble intéressant dans ce livre, c'est que l'approche poétique de la cité se fait tout au long de Cahiers de la langue et de la littérature sur la base de romans ou d'autres productions littéraires signés par nos auteurs pendant des périodes données. C'est ainsi que dans son texte, Zoubida Belaghoueg s'attaque au “ paysage urbain dans le roman algérien des années 1990”. Selon elle, les romans algériens étaient à l'origine “ plutôt descriptifs de l'espace de la campagne, parce que cela représentait l'authenticité, les ancêtres et l'identité, opposé à la ville considérée comme nouvelle création coloniale” écrit-elle à la page 21. “L'espace urbain qui revient, fréquemment, dans les romans des années 1990, c'est d'abord Alger la capitale, devenue capitale de la terreur, pour les auteurs comme Aïssa Khelladi, Rachid Boudjedra, Salim Bachi, Yasmina Khadra et Assima Feriel, c'est aussi Constantine et Annaba pour Boudjedra et Salim Bachi ou encore Oran pour Abdelkader Djemaï, Yasmina Khadra et Assia Djebar ” écrit- elle encore à la page 23. De son côté, l'universitaire Christiane Chaulet-Achour, aborde le sujet de la ville à travers le titre générique de “ Algers littéraires, œuvres algériennes, 1995-2005 ”. Pour Christiane Achour, “La ville d'Alger est, depuis longtemps, le lieu des écritures. Admirée, Aimée, décriée, haïe, elle ne semble pas laisser les écrivains indifférents” écrit –elle à la page 61 ajoutant que, “ traitée comme actant ou circonstance, la ville est une sorte de miroir de ce que le créateur veut dire de sa réalité contemporaine”. C'est ainsi que la rédactrice, brasse, et cite tout au long de son texte, les romans qui se sont construits dans l'espace algérois, à l'image de Les amants désunis d'Anouar Benmalek, Les amants de Shahrazade de Salima Ghozali, Le serment des barbares de Boualem Sansal…. Christiane Chaulet s'appuie tout au long de son travail sur des citéations ou alors des passages de romans dont l'action se passe à Alger. “Qu'elle soit saisie dans l'instantané d'une action et donc peu décrite mais révélatrice de lieux de vie où les personnages exercent leur faculté à être,……qu'elle soit, par sa description complaisante ou assassine, support d'un discours plus frontal sur la société et son fonctionnement ou qu'elle soit support très concret du chant mélodieux ou heurté, de la mémoire et de l'exil, la ville est un motif essentiel de l'appréhension du cadre d'une écriture avance, dans le discours qu'elle tient… ”, note-t-elle à la fin de son texte à la page 82. Cahiers de langue et de littérature est avant tout un espace de réflexion, mais aussi d'expression concernant la production du texte qui se fait surtout à des périodes différentes. Dans ce sens, cet ouvrage universitaire peut être lui même un document de référence sur l'histoire de notre littérature.