La sécurité alimentaire est incontestablement le sujet qui marque le plus la scène internationale depuis plusieurs mois déjà. Cette question a été, d'ailleurs, inscrite au registre des préoccupations primordiales du 11e sommet de l'Union africaine qui s'est ouvert hier. Le continent noir, en effet, demeure le plus vulnérable aux fluctuations des marchés internationaux des produits alimentaires et surtout aux conséquences de l'industrialisation abusive sur l'environnement et aux changements climatiques. Depuis l'éclatement de la crise des produits alimentaires sur les marchés internationaux, il y a un peu plus d'une année, à chaque fois des mises en garde sont lancées quant aux risques grandissants qu'encourent les Africains. Il n'y a pas une conjoncture qui est étudiée sans qu'il ne soit conclu que les populations africaines sont les plus affectées et les plus touchées par les crises alimentaires dans le monde. Les maladies n'ont pas manqué d'aggraver la situation en affectant des pans entiers des populations d'Afrique. C'est ainsi que, pour ce qui est de la crise alimentaire surtout, ce 11e sommet de l'UA s'est penché sur l'épineuse question liée à la tension qui persiste sur les cours des produits de base, à l'image des céréales, de la poudre de lait et de la pomme de terre. A cet égard, la recommandation première qui a été lancée consiste à impliquer la communauté internationale dans toutes les initiatives censées sauver le continent africain d'une crise qui frise la fatalité, comme la famine. Le président égyptien, Hosni Moubarek, a ainsi ouvert le débat sur cette question en invitant l'ensemble des pays de la planète à s'impliquer dans la recherche des solutions à apporter à la crise actuelle. "Nous avons besoin d'un dialogue à l'échelle mondiale sur le problème de la sécurité alimentaire, sur les changements climatiques et sur les bioénergies", a déclaré le leader égyptien dans son intervention lors de cette 11e session du sommet de l'Union africaine. L'implication généralisée de l'ensemble de la communauté internationale à laquelle ont appelé les Africains n'est pas fortuite ni hasardeuse, à partir du moment que c'est le monde occidental, en premier ordre, qui est visé. Cela n'est pas, non plus, gratuit, sachant que ce sont les agissements des pays industrialisés ont fait que les pans les plus vulnérables de la planète en paient les conséquences. Le réchauffement climatique qui affecte, à présent, le monde, n'est dû, bien évidemment, qu'au développement abusif de l'industrie dans le monde occidental. Les crises alimentaires sont provoquées par la spéculation qui ne cesse de se généraliser dans les principales Bourses dont les commandes sont détenues par les pays aux économies qui se sont libéralisées à l'absolu. Et comme si dans l'intention de boucler la boucle, il y a eu le génie de recourir aux biocarburants. Ce dernier recours, qui se veut un palliatif à l'épuisement éventuel des énergies fossiles à l'avenir, vient fatalement de se répercuter sur les populations les plus fragiles de la planète, à commencer bien sûr par le continent noir. En définitive, ce triste tableau permet de conclure inéluctablement que la crise alimentaire n'est qu'une création du monde industrialisé dans l'unique but de pénaliser les populations vulnérables de la planète.