Les banquiers centraux de la planète réunis en Suisse ont lancé une ferme mise en garde contre l'inflation, en soulignant que la hausse des prix énergétiques était à leurs yeux un danger pour les pays riches comme pour les pays pauvres. Les banquiers centraux, réunis dimanche pour l'assemblée générale annuelle de la Banque des Règlements internationaux (BRI) à Bâle, ont dit être en état d'alerte face aux dangers de l'inflation combinés à un ralentissement de la croissance, mais ont souligné qu'il n'y avait pas de solution globale et toute faite. "Nous constatons des temps très difficiles à venir pour l'économie mondiale", a déclaré Martin Redrado, le gouverneur de la banque centrale d'Argentine. "En particulier dans le secteur financier, nous allons assister à la deuxième vague de turbulences maintenant que le ralentissement va toucher le crédit à la consommation (...). Nous naviguons dans des zones inexplorées et les banquiers centraux du monde entier sont très vigilants."Les responsables d'une centaine de banques centrales ont échangé leurs points de vue sur l'économie samedi pour finalement estimer que les cours du pétrole qui ont frôlé vendredi le niveau inédit des 143 dollars le baril, étaient une source majeure de préoccupation. "Dans le monde, il y a un énorme problème à cause de la hausse des cours du pétrole brut", a déclaré à Reuters Daouda Bangoura, gouverneur de la banque centrale de Guinée. La Guinée, premier exportateur mondial de bauxite, fait partie des pays où l'inflation a déclenché des mouvements de protestations et parfois même de la violence. "Il faut que nous prenions des mesures concertées contre l'inflation. Il nous faut concilier la politique avec les considérations sociales (...). Dans de nombreux pays aujourd'hui, nous constatons des tensions et des protestations", a déclaré le gouverneur. "Le principal problème auquel la plupart des pays sont confrontés est le prix très élevé des matières premières.Aussi la question aujourd'hui est que cet ajustement qui doit faire baisser les prix relatifs ne résulte pas dans des spirales salaires/prix ou dans des augmentations des anticipations inflationnistes qui rendraient encore plus difficile la stabilisation des économies", a déclaré José de Gregorio, gouverneur de la banque centrale chilienne. "Les mesures de politique monétaire que doivent prendre chaque pays dépendent de leur situation", a-t-il ajouté. Même les pays qui enregistrent de fortes hausses de leur revenu grâce aux exportations pétrolières, estiment que les cours de l'or noir ont trop monté. "Les prix du pétrole (...) bénéficient aux Emirats arabes unis mais créent aussi d'autres problèmes", a déclaré le sultan Nasser al Souweidi, le gouverneur de la banque centrale des EAU à Reuters.Le gouverneur de la banque centrale chinois Zhou Xiaochuan a déclaré s'attendre à ce que les tensions inflationnistes en Chine s'atténuent quelque peu en raison d'une bonne récolte. "Toutefois, nous savons que le prix international de l'énergie et d'autres matières premières ajoutent des tensions supplémentaires à l'inflation en Chine", a-t-il déclaré à Reuters en marge de la réunion, à laquelle participait également le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet et le président de la Réserve fédérale des Etats-Unis Ben Bernanke.