La France a pris lundi à minuit la présidence de l'Union européenne pour six mois, dans un climat de doute avec la crise ouverte par le rejet du traité de Lisbonne par les Irlandais.Paris a pris le flambeau à la Slovénie, et le remettra le 1er janvier 2009 à la République tchèque. Pour marquer l'occasion, la Tour Eiffel a été illuminée de bleu et ornée des douze étoiles dorées du drapeau européen. Dans une interview publiée mardi, le président polonais Lech Kaczynski a annoncé qu'il ne ratifierait pas le traité européen de Lisbonne, estimant qu'il est "sans objet" après son rejet par les électeurs irlandais. Le parlement polonais a pourtant, dès avril, approuvé la ratification du traité destiné à réformer le fonctionnement des institutions européennes. Mais, selon la Constitution polonaise, c'est le président qui ratifie en dernier ressort les traités. Aucune disposition ne l'oblige, même si le Parlement le lui a demandé. La défection de Lech Kaczynski, annoncée au premier jour de la présidence française de l'UE, porte un coup sérieux aux efforts du président français Nicolas Sarkozy qui entendait limiter à la seule Irlande le problème de la ratification. "Il faut changer profondément notre façon de faire l'Europe", qui "inquiète" les citoyens européens, avait déclaré le président Nicolas Sarkozy lundi soir sur la chaîne de télévision publique France 3, à quelques heures du lancement de cette présidence. M. Sarkozy avait fait valoir qu'"on attendait de l'Europe qu'elle protège les Européens contre les risques que fait peser la mondialisation, et c'est là que ça ne marche pas". Evoquant le référendum négatif irlandais, il avait déclaré "qu'on n'a pas trop de temps" pour trouver une solution avant "la limite" que constituent pour lui les élections européennes de juin 2009. Le président français avait également lancé une nouvelle charge contre la politique de l'euro fort de la Banque centrale européenne, en estimant que la BCE "devrait se poser la question de la croissance" et "pas simplement de l'inflation". La France a fixé quatre priorités à sa présidence: adoption d'une série de mesures en matière de climat et d'énergie, pacte européen pour l'immigration, relance de l'Europe de la défense et agriculture. Paris espère que des avancées concrètes sur ces sujets permettront de relancer la confiance des citoyens dans l'Europe. La première journée de cette présidence sera dominée par une visite à Paris des membres de la Commission européenne, présidée par José Manuel Barroso, qui seront reçus à déjeuner par le Premier ministre François Fillon et à dîner par M. Sarkozy. Le président Sarkozy doit par ailleurs se rendre le 10 juillet à Strasbourg pour exposer ses vues devant le Parlement européen, avant d'aller le 11 à Dublin pour parler des suites du référendum. Autre temps fort de ce début de présidence française, la tenue le 13 juillet d'un sommet pour lancer le projet d'Union pour la Méditerranée (UPM), où sont invités les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE et ceux des pays de la rive méridionale du bassin méditerranéen. Par ailleurs, une première cordée de six Européennes a atteint mardi matin le sommet du Mont-Blanc (4.819,90 m), dans le cadre d'une opération destinée à inscrire la présidence française de l'Union européenne sous le signe du développement durable, a-t-on appris auprès du coordonnateur de l'ascension.