Le cabinet londonien Oxford Business Group (OBG) est revenu, dans son dernier rapport, sur la question des pôles de compétitivité en Algérie. De prime abord, "la part de l'industrie dans le PIB algérien (produit intérieur brut) est quasi inexistante et il est encore trop tôt pour parler de pôles de compétitivité" déclarera à OBG le ministre de l'Industrie et de la Promotion des l'investissements Abdelhamid Temmar. Celui-ci a affirmé que l'Algérie n'est pas encore en phase de création de pôles de compétitivité qui nécessitent, a-t-il dit, notamment des infrastructures importantes, une administration publique adéquate, des entreprises performantes, une formation de niveau et des centres de recherche scientifique. Il a, par ailleurs, confirmé que l'objectif était de réapproprier 6% du PIB à l'industrie et de déterminer quelles seraient les zones industrielles pouvant prétendre à une vocation de pôle de compétitivité sur la carte algérienne La véritable question qui se pose est de savoir si le climat des affaires en Algérie est favorable aux entrepreneurs industriels. Avant d'arriver à créer des pôles de compétitivité, l'Algérie doit se doter d'un système bancaire répondant aux meilleurs standards internationaux, d'un enseignement supérieur de qualité internationale, et favoriser le transfert de connaissance et inciter les délocalisations vers l'Algérie, explique t-on. Néanmoins, les groupes de l'envergure de Cevital affichent clairement leurs ambitions. Le groupe privé vient de concrétiser son mégaprojet de pôle industriel quelques mois après son annonce, dans la région côtière de Cap Djinet, autour de ce qui est appelé à devenir le premier port de la Méditerranée et le 10e au niveau mondial. "Le montant des investissements prévus par Cevital pour ce projet est de 30 milliards de dollars et l'impact attendu en termes de création d'emplois s'évalue à plus d'un million d'ici 2015", a confié Issad Rebrab, le patron de Cevital, à OBG. Dans l'optique de diversifier ses activités, Cevital va également créer un complexe industriel intégré sur 5 000 ha, pour répondre aux besoins du pourtour méditerranéen mais aussi de l'Afrique subsaharienne. Le projet prévoit la réalisation d'un nouveau port en eaux profonde, un complexe pétrochimique, un complexe de production d'aluminium en partenariat avec Rio Tinto-Alcan, qui produira 1,5 million de tonnes par an, un complexe sidérurgique intégré qui produira 10 millions de tonnes d'acier par an, une centrale de dessalement d'eau de mer, une centrale électrique d'une capacité de production de 3200 MW, ainsi que divers projets comme la construction navale, automobile et la fabrication de containers. Le projet Cap Djinet devrait donner un coup de pouce à l'économie algérienne, extrêmement dépendante des hydrocarbures, dans la mesure où il anticipe des exportations hors hydrocarbures de 15 milliards de dollars d'ici à 2015, et jusqu'à hauteur de 30 milliards de dollars à l'horizon 2025, contre 1,31 milliard de dollars actuellement. Plus d'un millier de petites et moyennes entreprises seront également créées ou intégrées sur ces 5 000 ha pour répondre à la forte demande dans les créneaux de la transformation, de la sous-traitance et des services. En tout cas, la confiance de Cevital dans la capacité du pays à relever les défis posés par la globalisation et la compétitivité est de bon augure. Toutefois, la mise en garde de Temmar portant sur l'émergence des pôles de compétitivité laisse entendre que l'Algérie a encore du chemin à parcourir, avant de voir Cevital parvenir à ses fins.