Le cabinet d'expertise londonien Oxford Business Group estime que des obstacles restent à lever pour que l'Algérie devienne une véritable destination touristique. Le cabinet d'expertise Oxford Business Group (OBG) estime que “l'Algérie accuse un retard important dans ses infrastructures touristiques engendré par des années de négligence, et la route est longue pour rattraper ses voisins maghrébins et devenir une destination de choix”. Citant les données du ministère du Tourisme, Oxford Business Group indique que 1,74 million de touristes ont visité l'Algérie en 2008. “Plus de 1,2 million d'entre eux sont des Algériens expatriés qui retournent au pays pour les vacances. À peine plus de 500 000 touristes sont des étrangers”, relève OBG dans son dernier briefing consacré à la relance du secteur touristique en Algérie. En revanche, la Tunisie a accueilli près de 7 millions de visiteurs en 2008 et le Maroc 8 millions, selon les statistiques officielles, “ce qui fait de l'ombre aux résultats de l'Algérie”, indique Oxford Business Group. Pour autant, le cabinet d'expertise londonien note que “l'Algérie redouble d'efforts pour garantir la relance de son industrie touristique et drainer davantage d'investissements nationaux et étrangers”, précisant que dans sa course au développement des équipements, l'Algérie s'est fixée comme objectif d'attirer 20 millions de touristes étrangers par an à l'horizon 2025. Oxford Business Group rappelle, dans ce cadre, l'élaboration par le gouvernement du Schéma directeur d'aménagement touristique (Sdat), et d'une stratégie qui détermine les zones à développer et définit les mesures à adopter pour soutenir les investissements. Le Sdat prévoit de construire plus de 280 hôtels, “un programme qui est actuellement en cours d'exécution”. Le document d'OBG relève qu'en 2001, la part du tourisme dans le produit intérieur brut en Algérie était estimée à 1,7%. Au cours de ces dernières années, elle a enregistré une progression constante. “Dans son dernier rapport sur l'industrie publié l'année dernière, le Conseil mondial du tourisme et des voyages a indiqué que la contribution du tourisme au PIB national de l'Algérie passerait de 6,4% en 2008 (l'équivalent de 8,4 milliards de dollars) à 6,6% en 2018 (l'équivalent de 13 milliards de dollars). Par ailleurs, le conseil prévoit une accélération plus significative de la croissance du secteur du tourisme au cours de la prochaine décennie, en accord avec les prévisions générales concernant l'évolution de la situation économique du pays”, souligne Oxford Business Group. Cependant, le Conseil mondial du tourisme et des voyages table sur une faible hausse du pourcentage de la main-d'œuvre employée dans le secteur au cours des 10 prochaines années, prévoyant qu'elle passera de 506 000 en 2008 à 666 000 en 2018. Lors d'un entretien avec OBG l'année dernière, le ministre du Tourisme, de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, Chérif Rahmani, a cité un certain nombre de défis que l'Algérie se doit de relever afin de devenir une destination touristique à part entière. En premier lieu, le besoin d'améliorer la gestion des ressources humaines dans le secteur. Sur ce point, le gouvernement a créé une école nationale à Tipasa destinée à la formation aux métiers du tourisme. Elle offre aux étudiants un large éventail de programmes, notamment une meilleure connaissance des technologies de l'information et de la communication, une compétence que le gouvernement considère comme étant vitale au développement du secteur. M. Rahmani a souligné d'autres facteurs à corriger, notamment les insuffisances de la santé publique et des infrastructures, ainsi que la menace terroriste. “Si aucune de ces questions ne peut être résolue dans l'immédiat, des progrès ont été accomplis”, estime OBG. Le programme d'Etat a permis de répondre à quelques-unes de ces préoccupations, avec la modernisation des aéroports et l'amélioration de l'accès routier aux régions côtières et à l'intérieur du pays. La situation sécuritaire s'est aussi nettement améliorée avec la création en juillet dernier d'une nouvelle unité forte de quelque 1 000 policiers, ayant pour mission de sécuriser les sites touristiques à travers le territoire. “L'image du pays en tant que destination touristique sûre a été particulièrement ternie par la succession d'attentats terroristes. De nombreux pays comme le Canada, les Etats-Unis et les pays membres de l'Union européenne appellent leurs ressortissants à la prudence en cas de déplacement en Algérie, surtout dans les zones excentrées et isolées”, regrette le document. “La démarche sécuritaire est d'autant plus primordiale que ces mêmes zones excentrées constituent le fer de lance du développement touristique en Algérie, avec le renforcement des circuits aventures et la diversification de l'activité “sable-soleil” qui caractérise les régions côtières du pays. Si la situation sécuritaire ne connaît pas d'amélioration, les investisseurs et les visiteurs potentiels resteront prudents”, avertit OBG.