C'est une bonne nouvelle, mais un tout petit pas. Le Premier ministre japonais a obtenu la mention d'un objectif chiffré de réduction des gaz à effet de serre (50% d'ici à 2050), y compris des Etats-Unis. Mais il échoue sur deux points essentiels: l'année de référence prise en considération pour lancer le compte à rebours et la fixation d'un objectif intermédiaire, indispensable pour enclencher un cycle vertueux d'investissements. Sans doute les pays du G8 ont-ils cherché un compromis qui leur permette de discuter en toute liberté diplomatique avec le «G5», les grands pays en développement. A Toyako, les pays du G8 n'ont fait qu'entrouvrir une très longue négociation qui se terminera en décembre 2009, au sommet sur le climat de Copenhague. D'ici là, les grands pays industrialisés devront accepter des objectifs beaucoup plus précis, établir un calendrier et surtout définir des instruments politiques et économiques permettant de les concrétiser. Ils auront la redoutable tâche de convaincre les nouveaux tigres et dragons du monde qu'une économie mondiale «dé-carbonée» est la meilleure assurance, et au meilleur prix, contre le réchauffement climatique. Les Etats industrialisés devront accepter des transferts technologiques vers les pays du Sud et supporter une part du fardeau proportionnelle à leur richesse, sans quoi ni la Chine, ni l'Inde n'accepteront le «deal» du siècle. Pour l'Algérie où le pays a encore fort à faire dans son industrialisation, cela signifie réduire par quatre nos émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2050. C'est le grand pas à accomplir, et la mauvaise nouvelle connue par tous les acteurs depuis trop longtemps. Mais l'on connaît aussi une autre «bonne nouvelle», trop peu diffusée: tout montre que c'est à notre portée, sans asphyxier la croissance, ni ruiner la planète. Et ce sont ces faits qui, en définitive, lèveront les dernières réticences des Indiens et des Chinois. Par ailleurs, pour l'élargissement du G8 la preuve serait par le climat. Agenda renversé, l'an prochain, pour le G8 qu'accueillera Silvio Berlusconi en Sardaigne. Au lieu de convier en fin de sommet les grands pays émergents du G5 (Inde, Chine, Afrique du Sud, Mexique, Brésil), les huit pays les plus industrialisés élargiront au fur et à mesure leurs débats. Une première après-midi à 8, une deuxième journée à 13, puis un dernier jour avec les pays africains. «L'architecture change. Il était temps», s'est félicité Nicolas Sarkozy, avocat déclaré de l'ouverture du G8 à laquelle le Japon, comme la Russie, sont les plus réticents. Sur le climat toutefois, la présidence japonaise du sommet de Toyako pourrait bien se mordre les doigts d'être allé trop vite. Dès l'annonce des conclusions du sommet, les pays du G5 sont montés au créneau, à Hokkaido, pour estimer «largement insuffisants les efforts climatiques» du G8. Pour l'Inde, comme pour la Chine, les pays les plus industrialisés devraient réduire leurs émissions «d'au moins 80 à 90%» d'ici à 2050. Un fossé difficile à combler en une matinée d'entretiens.