Les 16 principales économies de la planète, industrialisées et en développement, se sont accordées hier au Japon sur une réduction à long terme des émissions polluantes, mais sans apporter d'autre précision sur le calendrier ou leur ampleur. Dans une déclaration commune de leurs dirigeants, réunis pendant deux heures mercredi à Toyako (nord), les 16 pays ont exprimé leur "vision partagée" pour des actions concertées en faveur "de réductions à long terme des émissions" de gaz à effet de serre. "Les principales économies développées devront adopter, conformément à leurs obligations internationales, des objectifs nationaux à moyen terme afin de réduire radicalement les émissions et, là où ce sera possible, commencer par en arrêter la croissance dès que possible", insistent-elles sans mention de valeur ni de calendrier. Cette réunion des "MEM" (Major economies meeting) était la première au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement depuis le lancement de ce processus en septembre 2007 par les Etats-Unis. Les MEM regroupent 16 pays qui représentent plus de 80% des émissions mondiales: outre le G8 des plus industrialisés (Japon, Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Allemagne, France, Italie et Russie), le "G5" des grands émergents (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud, Mexique) ainsi que l'Australie, l'Indonésie et la Corée du sud. "C'est un petit pas en avant", a estimé Phil Clapp, directeur du climat au Pew Center (importante ONG américaine): "Au moins, tous les pays sont d'accord pour que le nouveau traité international comprenne des objectifs de réduction à long terme". Mardi, les pays du G8 s'étaient engagés à ce que les émissions mondiales soient divisées au moins par deux d'ici à 2050, dégageant ainsi la route aux négociations de l'ONU vers un accord global à la fin 2009. Les Etats-Unis avaient souscrit à cette perspective après avoir obtenu des aménagements de date et de contraintes de la part de leurs pairs. Dans leur déclaration publiée lors du sommet de Toyako, les pays du G8 avaient fait part mardi de leur intention d'"adopter avec les parties à la Convention de l'ONU sur les changements climatiques (UNFCCC) un objectif de réduction d'au moins 50% des émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici à 2050", sans cependant préciser par rapport à quelle année de référence. Cette formulation vise à enrôler les grands pays émergents dans ces efforts, en faisant appel à la "contribution de toutes les principales économies" ainsi que l'avait toujours exigé l'administration américaine. Mais dans le texte adopté mercredi, les économies du G5 ne s'engagent qu'à prendre des mesures pour "atténuer" leurs émissions polluantes, laissant aux économies industrialisées le soin d'accomplir des réductions concrètes.