Si l'on s'en tient compte aux résolutions finales ayant sanctionné les travaux du sommet de Paris, qui s'est tenu avant-hier, le projet d'Union pour la Méditerranée nécessite davantaged'efforts et de concertations pour sa maturation. En effet, une grande partie, pour ne pas dire l'ensemble, des questions centrales devant précéder le lancement officiel de l'UPM n'ont pas été réglées définitivement lors de ce grand rendez-vous qui a réuni pas moins de 43 chefs d'Etats et de gouvernements des deux rives de la Méditerranée au Grand Palais parisien. De prime abord, c'est l'épineuse question des financements à dégager pour la réalisation des projets envisagés afin de rendre effectif le développement régional durable dans le bassin méditerranéen. D'abord, il y a nécessité de rappeler que, dans le cadre de l'UPM, pas moins de six projets d'envergure ont été déjà arrêtés. Il s'agit de la dépollution de la Méditerranée, la réalisation d'autoroutes maritimes et terrestres pour accroître les échanges et faciliter la liberté de mouvement des personnes et des biens, la Protection civile à l'échelle de la région, les énergies alternatives avec la projection d'un plan solaire méditerranéen, la réalisation d'une université euro-méditerranéenne qui aura son siège en Slovénie et, enfin, sur le plan économique, il est envisagé de lancer l'initiative méditerranéenne de développement des affaires. Mais, à présent, aucun d'entre eux n'est à inscrire au registre des projets à réaliser à partir du moment où les sources de financement restent à définir. L'Union européenne vers laquelle tous les regards se sont braqués pour la prise en charge financière de ces initiatives méditerranéennes a déjà coupé tout espoir. Quelques semaines avant le sommet de Paris, la Commission européenne a averti qu'aucun financement supplémentaire ne sera débloqué pour des réalisations nouvelles dans la région du bassin méditerranéen. “ L'Union européenne ne financera que les projets ayant été arrêtés dans le cadre des accords bilatéraux ou multilatéraux déjà conclus avec les partenaires de la région ”, a déclaré à titre préventif un responsable au sein de la haute instance bruxelloise avant le sommet. Donc, les bailleurs de fonds potentiels qui devront financer lesdits projets sont encore à chercher. D'aucuns ont laissé, entendre que c'est dans cette perspective que le Qatar, à titre d'exemple, a été convié à ce sommet, même s'il ne fait pas partie du pourtour méditerranéen, sachant que ce pays renferme des sources de financement exceptionnelles. C'est sous cet angle que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a appréhendé cette question en déclarant que “ dans l'état actuel des choses, il semble bien que nous sommes en présence d'une simple réédition, avec quelques innovations, du processus de Barcelone ”. De là, il est vite déduit que le chef de l'Etat met en garde contre l'échec de ce nouveau processus, à savoir l'UPM, qui n'est pas à exclure si jamais les financements nécessaires ne sont pas mobilisés. L'autre point qui prête à équivoque est l'ensemble des questions liées aux organes de gestion et les instances dirigeantes de l'UPM qui ont été toutes renvoyées au sommet des ministres des Affaires étrangères des pays de la région qui se tiendra au mois de novembre prochain.