Contrairement aux réactions à dimension géopolitique qu'a suscitées le sommet de Paris dimanche dernier et qui demeurent mitigées, les milieux économiques accueillent le projet d'Union pour la Méditerranée plutôt avec un optimisme manifeste. C'est ce que confirment les 30 entreprises, (15 de la rive sud et 15 autres de la rive nord), qui ont déjà signé, le 7 juillet dernier, une déclaration de soutien à l'UPM et fondé l'Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen (IPEMed). Le groupe d'entreprises en question, chapeauté par Issad Rebrab, P-DG du groupe algérien agroalimentaire, Cevital, aux côtés de Charles Milhaud, Tarik Sijilmassi et Gérard Mestrallet, respectivement président du directoire de la Caisse nationale des Caisses d'épargne (France), président du Crédit agricole (Maroc), et P-DG du groupe Suez (France), viennent de livrer leurs visions quant à ce nouvel espace régional méditerranéen. En effet, dans une déclaration reprise par le quotidien français, " Le Figaro ", les entreprises en question ont expliqué leurs projections futures du projet d'UPM qui, à leurs yeux, se présente, désormais, comme étant un projet qui ne peut que s'inscrire dans la durée. "Il s'agit là d'un événement très important pour les entreprises qui veulent se mobiliser pour faire de la Méditerranée une région économique intégrée et performante ", est-il souligné dans ce texte. A travers ce nouveau regroupement, les mêmes chefs d'entreprise mettent en avant les opportunités qui s'offrent aux deux rives de la Méditerranée d'évoluer dans la complémentarité et de conjuguer leurs efforts pour consolider le développement économique durable dans la région. " Plusieurs raisons plaident en faveur de la région Méditerranée. Les complémentarités ne sont plus à démontrer. pour les pays du Nord, qui possèdent les technologies, le savoir-faire, l'appareil de recherche, les pays de leur voisinage au sud représentent un immense réservoir de consommateurs, de partenaires, de clients, de collaborateurs aussi, et donc, finalement de croissance ". Toutefois, il n'est pas moins utile de remarquer que les auteurs de cette initiative en faveur de l'UPM ne font pas clairement allusion aux potentialités que renferment la rive sud de la Méditerranée, que ce soit pour développer une industrie capable d'affronter les nouveaux défis qu'impose la mondialisation que pour les autres secteurs d'activités comme l'agriculture, le tourisme et l'ensemble des ressources naturelles et énergétiques. Tenant compte de la conjoncture actuelle, marquée par une tension exacerbée sur les produits énergétiques et les hydrocarbures, les représentants des entreprises économiques du bassin méditerranéen nourrissent la conviction que l'intensification des relations de proximité et des échanges entre les pays du bassin méditerranéen s'impose : "Les pays de la rive sud mesurent les avantages économiques et politiques de la proximité géographique, historique et culturelle. Ils savent aussi que la flambée du prix du pétrole risque de renchérir le commerce à très grande distance et au contraire de renforcer l'intérêt d'un système productif régional intégré". Dans la perspective de fonder l'UPM sur des bases consolidées, les chefs d'entreprises en question tentent de convaincre les responsables politiques des différents pays de la région de placer les intérêts économiques au-dessus de tout autre considération, en soulignant : " Les entreprises des deux rives parlent désormais un même langage, celui de l'économie, celui des ingénieurs, des banquiers, des hommes d'affaires, des commerçants. De la même façon que l'Europe s'est constituée par l'économie (le marché commun, la politique agricole commune, l'euro), la Méditerranée s'intégrera par les projets économiques ".