Le projet d'Union pour la Méditerranée, défendu bec et ongles par le président français, Nicolas Sarkozy, vient d'entamer la dernière ligne droite de la voie de garage dans laquelle il a été précipité. Les résolutions formulées par la Commission européenne, mardi dernier, quant au sort réservé au projet d'Union pour la Méditerranée, viennent de confirmer que Bruxelles veut limiter les ambitions de Nikolas Sarkozy, au point de l'inciter à "faire le deuil", d'une façon définitive, du projet dont il a fait son cheval de bataille depuis qu'il s'est lancé dans la course vers le palais de l'Elysée. Les milieux proches de Paris, en tout cas, sont, désormais, convaincus que le projet d'Union pour la Méditerranée tel que conçu par Sarkozy n'enchante pas Bruxelles qui le voit plutôt comme un nouvel ensemble qui risquerait de faire de l'ombre à l'Union européenne. C'est la raison pour laquelle la Commission européenne vient de présenter cette UPM dans une mouture qui peut être acceptable par les 27 et qui, du coup, réduit les ambition de Sarkozy comme une peau de chagrin. Mardi dernier, le verdict de la haute instance européenne est tombé comme un couperet au grand dam de Paris. Les propositions de Bruxelles, en fait, s'inscrivent en nette contradiction avec les ambitions affichées par Paris. Au moment où Sarkozy mise sur un nouvel ensemble régional, tout à fait indépendant, Bruxelles, elle, ne peut entrevoir ce projet que sous forme d'un prolongement du processus de Barcelone qui se traduira par le renforcement de la coopération étroite entre les deux rives avec une prédominance des rapports à dimension économique. C'est ainsi, d'ailleurs, que la Commission européenne n'a retenu, entre autres suggestions de Paris, que l'intensification des efforts pour la concrétisation des différents projets de développement durable dans le bassin méditerranéen. Parmi ces projets pilotes, il y a lieu de citer la lutte contre la pollution, le développement de l'énergie nucléaire dans les pays de la rive sud, la réalisation d'une autoroute transmaghrébine et une autre transméditerranéenne à moyen terme qui faciliteront les échanges commerciaux et la circulation des marchandises entre les différents pays de la région. C'est ainsi que cette nouvelle architecture dans laquelle la Commission européenne vient de concevoir le projet de l'UPM a été accueillie avec froideur dans les milieux parisiens et a fait disparaître toutes les ambitions de Sarkozy qui, lui, ambitionnait d'un nouveau cadre à dimension beaucoup plus politique et dont les visées sont plus lointaines qu'elles ne paraissent. Au fur et à mesure que Sarkozy dévoilait sa véritable ambition à travers l'UPM, d'aucuns ont été convaincus que le président français, dans la finalité, ne visait que la normalisation des relations entre les pays arabes et Israël. Ceci dans le but définitif d'intégrer ce dernier pays dans son entourage géographique, tout en mettant les pays arabes devant le fait accompli. C'est, d'ailleurs, la raison pour laquelle certains de ces pays, dont les positions sont demeurées intactes et inflexibles quant au conflit arabo-israélien, à l'image de l'Algérie, ont toujours refusé de donner, d'emblée, leur quitus au projet de sarkozy. Ainsi, contrairement à l'Egypte, le Maroc et la Tunisie qui ont été facilement "soudoyés" par le président français qui leur a promis des postes au sein de cette UPM, l'Algérie, la Libye et la Syrie viennent d'être confortées dans leurs choix géostratégiques par la Commission européenne en désavouant indirectement la tentative de réhabiliter Israël dans l'espace méditerranéen.