Selon Abdelhamid Temmar, ministre de la promotion de l'investissement, dans une déclaration vague, l'Algérie peut créer immédiatement un fonds souverain. Plus précis, Abdelatif Benachenhou ancien ministre des Finances, dèclare que 20% des réserves de change suffisent pour le lancement d'un fonds d'investissement souverain, orienté vers l'internationalisation de Sonatrach , 30% de ces réserves devront rester entre les mains de la Banque d'Algérie et 50% devront aller au financement de l'économie. Plus parcontre Chakib Khelil, Ministre de l'Energie et des Mines, un fonds souverain est souhaitable mais seulement dans cinq années. Récemment, début juillet 2008, au forum d' El Moudjahid, des experts préconisent qu' "au lieu d'aller au chevet des entreprises étrangères, il vaudrait mieux les investir localement ".Allant dans le même sens, le Ministre des Finances Karim Djoudi,dont l'avis partagé par la banque centrale d'Algérie et récemment par le chef de gouvernement Ahmed Ouyahia, pense qu'à court terme, cela est risqué et le moment n'est pas opportun. Actuellement, et il est toujours utile de le rappeler, les réserves de change de l'Algérie sont affectées sous forme de placements en bons de Trésor américains et dans certaines banques internationales bien cotées dites AAA . Cette option est jugée actuellement du fait du dérapage du dollar par rapport à l'euro depuis 2000 de plus de 55% amenuisant d'autant la valeur globale reconvertie en euros, le montant global en dollars dépassant les 50%, peu rentable et peu efficace sachant que les taux d'intérêt qui y sont appliqués ne dépasseraient pas les 2%. D'autant plus qu'à la différence des pays asiatiques et des pays pétroliers s'approvisionnant au sein de la zone dollars, les importations algériennes avoisinent 60% en euros. C'est face à cette polémique que je propose d'analyser sommairement les fonds souverains.1.-Depuis la fin des années 1990, et cela s'accélèrera durant les deux premières décennies du XXIème siècle, l'internationalisation du capital, en tant que rapport social, entraîne un changement notable du rôle des Etats dont le rôle demeure central dans une position nouvelle face au marché : retrait généralisé de l'Etat de la sphère économique concurrentielle ; retour en force de l'Etat dans la régulation de l'économie. Cependant, nous assistons à une déconnection de la sphère réelle et financière, entre la dynamique économique et la dynamique sociale avec donc une financiarisation croissante. Face à cette situation, les fonds souverains, dont le premier a été créé au Koweit en 1953, sont aujourd'hui en passe de devenir une nouvelle catégorie d'acteurs de la globalisation financière notamment des pays pétroliers. Un fonds souverain (sovereign wealth funds), ou fonds d'État, est un fonds de placements financiers (actions, obligations,etc.) détenu par un État. Les fonds souverains gèrent l'épargne nationale et l'investissent dans des placements variés (actions, obligations, immobilier, etc.). Dans une acception restreinte, ils désignent spécifiquement " les avoirs des états en monnaie étrangère " Dans une acception plus large, ils désignent tous les fonds d'investissement détenus par un État tirant leurs ressources des banques centrales (Chine) des réserves pour les retraites (Norvège) ou des recettes des hydrocarbures (Norvège, Russie, pays du Golfe). En fait, il n'existe pas une définition généralement acceptée des fonds souverains. Dans une acception large, il convient de considérer un fonds souverain comme étant un fonds de placement international de l'épargne nationale principalement dans des actions et obligations et appartenant à des Etats ou aux banques centrales de ces Etats. Leurs actifs sont évalués début 2008 à environ 3.000 milliards de dollars US et pourraient atteindre 12.000 milliards de dollars horizon 2015, soit plus de 10% de l'argent en circulation sur la planète, le marché des capitaux étant actuellement de 50 000 milliards de dollars, selon une étude du cabinet Morgan Stanley. Il existe actuellement environ 40 fonds souverains mais leur nombre s'accroît d'année en année. Ainsi , je ne citerai que Abu Dhabi Investment Authority (créé en 1976, Émirats arabes unis), avec Saeed Mubarak Al Hajeri, formé dans les plus grandes universités américaines, de Havard qui dirige la "Abu Dhabi investment Authority", dont le montant est estimé à plus de 943 milliards de dollars- ; Government Pension Fund-Global (1990, Norvège), Government of Singapore Investment Corporation (GIC) (1981, Singapour), Reserve Fund for Future Generation (1953, Koweït), China Investmen Corporation (2007, Chine), Stabilisation fund (2004, Russie, )- Temasek Holdings (1974, Singapour) et Qatar Investment Authority (2005, Qatar ). La stratégie des fonds souverain s'oriente de plus en plus vers des investissements financiers, la participation au capital d'entreprises occidentales voire leur prise de contrôle: exemple rachat en partie par les fonds de Dubaï et du Quatar de la Bourse de Londres, investissement de fonds chinois et de Singapour dans le capital de la banque Barclay's, présence de l'Emirat de Dubaï et d'une banque publique russe au capital d'EADS. À côté des fonds chinois, le fonds russe est considéré par la plupart des analystes, le FMI inclus, comme un fonds qui se sert des investissements stratégiques pour atteindre des objectifs politiques notamment à travers la stratégie de Gazprom (notamment celui d'augmenter ses réserves énergétiques hors frontières).Pour sa part, la Norvège a adopté une politique très différente. Le fond norvégien (" Norwegian Wealth Fund ", NWF) a été créé pour pallier la diminution de la rente énergétique à moyen terme, le ministère des Finances étant responsable de la politique d'investissement alors que la Banque nationale s'occupe du management opérationnel.Les participations dans chaque entreprise sont faibles (jamais plus d'1% du capital total), les entreprises qui vendent des armes, pratiquent la corruption ou ne respectent pas l'environnement sont évitées, tout comme les secteurs stratégiques. Aujourd'hui, le NWF est l'un des plus importants fonds souverains au monde, ayant des participations dans plus de 3 000 entreprises dans plus de 40 pays. 2.-Aussi, avec les fonds souverains, le pouvoir financier a tendance donc à basculer du côté de certains pays du Sud, dont les réserves fin 2007 atteignent 72 % des réserves mondiales, la Chine occupant le premier rang des investisseurs mondiaux selon l'International Herald Tribune, du 17 octobre 2007 (la banque centrale de Chine venant de donner le niveau de ses réserves de change fin juin 2008 estimées à 1800 milliards de dollars US).