Les mutations que traverse le marché international du gaz continuent de susciter des réactions, particulièrement en Europe. C'est le cas du marché espagnol qui, décidément, est livré à toute sortes de spéculations et manœuvres des compagnies pétrolières. A présent, c'est la firme espagnole Gas Natural qui est en passe de mener une campagne médiatique dans la perspective de renverser la tendance en sa faveur. En effet, la société madrilène a annoncé, hier, avoir passé un accord avec le pétrolier russe, Gazprom, pour l'approvisionnement du marché espagnol en gaz naturel liquéfié (GNL). Gas Natural a expliqué aussi que cet accord qui consiste en la réalisation des opérations ponctuelles sur le marché du gaz naturel liquéfié (GNL), sera un "prélude à une collaboration étroite entre les deux groupes". C'est à partir de là que les milieux occidentaux réputés pour leur tendance à alimenter la spéculation sont allés jusqu'à interpréter cet accord entre Gas Natural et Gazprom par la volonté de l'Espagne de réduire sa dépendance du gaz algérien. Chose qui ne peut être que de la pure spéculation, à partir du moment que le rapprochement du pétrolier russe ne reflète que la volonté de l'Espagne de renforcer ses capacités d'approvisionnement en gaz, mais la part du marché gazier espagnol qui revient à la société nationale des hydrocarbures, Sonatrach, demeure toujours inébranlable. Pour rappel, l'Espagne s'approvisionne en gaz algérien à hauteur de 34% de ses besoins. Donc, pour alimenter la surenchère, la compagnie espagnole a pondu un communiqué à l'issue de la signature de son accord avec le pétrolier russe celui-ci mentionne que "l'accord établit les conditions générales pour réaliser des opérations ponctuelles de GNL, il permettra de conclure des transactions de manière fluide pour saisir des opportunités concrètes quand les conditions de marché seront favorables", avant d'ajouter que "la signature de cet accord montre l'intérêt des deux compagnies pour développer une collaboration stratégique au cours des deux prochaines années, tant dans le domaine du GNL que dans d'autres activités". En tout cas, les analystes très proches du dossier de la coopération algéro-espagnole dans le domaine gazier écartent toute hypothèse quant à la volonté de Madrid de s'éloigner de son fournisseur du Sud, qui est l'Algérie. Bien au contraire, la conjoncture actuelle demeure marquée par la volonté croissante au sein de l'Union européenne de s'approvisionner en gaz algérien. C'est le cas de l'Allemagne, à titre d'exemple, dont la chancelière, Agela Merkel, a inscrit la coopération dans le domaine gazier au centre de ses préoccupations lors de la visite officielle de deux jours qu'elle a effectuée à Alger à la fin de la semaine dernière. Les spécialistes trouvent insensé de la part de l'Espagne toute tentative de s'éloigner du gaz algérien au moment où tous les pays européens s'y approchent. Quoi qu'il en soit, Gazprom et Sonatrach ne feront qu'un travail de complémentarité sur le marché espagnol. Il est utile de rappeler que les deux compagnies ont, en effet, ont déjà passé l'année dernière un accord bilatéral pour la défense réciproque de leurs intérêts communs.