Les pays émergents rechignaient, hier, à faire les concessions qu'attendent les pays riches en matière industrielle en contrepartie de leurs offres agricoles, au troisième jour d'une réunion ministérielle cruciale de l'OMC pour sauver sept ans de négociations. Le ministre indien du Commerce et de l'Industrie, Kamal Nath, arrivé à Genève hier, a refusé de dire s'il allait mettre sur la table des négociations une ouverture accrue du marché indien aux importations de produits industriels. A noter que la négociation ne devait pas servir à accroître la prospérité des pays développés et qu'ils se refusaient à mettre en jeu les jeunes industries et les PME de l'Inde, qui a peiné pour s'industrialiser .En outre, le Brésil, autre meneur des pays émergents réunis au sein du G20, a estimé que les conditions n'étaient pas encore réunies pour des discussions équilibrées, la balle n'a pas encore passé la moitié du terrain, "elle est toujours dans le camp des pays riches", a déclaré le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim. En dépit de cela, les négociateurs européen et américain, Peter Mandelson et Susan Schwab, jugent maintenant qu'il est temps d'avancer dans les négociations sur les produits industriels, après qu'ils ont fait des offres sur l'agriculture. A noter que les Etats-Unis ont prévu de réduire leurs subventions agricoles à moins de 15 milliards de dollars par an afin de faire avancer la négociation cette semaine. Mais l'offre américaine a été jugée insuffisante, tant par l'Inde que par le Brésil, qui semblent bien décidés à faire monter la pression pour obtenir plus de concessions. Les pays émergents sont, par ailleurs, eux-mêmes divisés sur les concessions qu'ils sont prêts à faire quant à l'ouverture de leurs marchés. Au sein du Nama 11, groupe de pays en développement qui veulent limiter l'ouverture de leurs marchés industriels, certains pays, comme l'Argentine ou l'Afrique du Sud, ont adopté des positions particulièrement dures, selon une source liée aux négociations. "Ça bloque maintenant sur l'industrie", a observé une source européenne, notant que les textes sur lesquels travaillent les négociateurs sont beaucoup plus élaborés dans l'agriculture que dans l'industrie, ce dernier thème ayant pris du retard .Il est important de noter que parmi les causes de paralysie, une clause anti-concentration, voulue par l'Europe, qui empêcherait les pays émergents d'exclure des secteurs entiers de leur économie du champ de l'ouverture de leurs marchés. Un sujet important, notamment pour l'Allemagne, qui cherche des débouchés pour son secteur automobile. Cependant, tant les Brésiliens que les Indiens jugent qu'il s'agit d'une mauvaise idée. "Si cela devait faire échouer un accord, qu'il en soit ainsi", a estimé le ministre indien. Face à ces blocages, le processus a pris une journée de retard, et des réunions en petits groupes étaient prévues hier après-midi, pour permettre déjà aux pays de s'entendre entre eux. Après les progrès modestes enregistrés depuis trois jours, le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, a appelé les pays membres à travailler ensemble avec davantage de conscience de l'urgence.