Alors que la Libye a cessé ses livraisons d'or noir à la Suisse et que ses ports sont fermés aux bateaux helvétiques, l'Algérie est prête à prendre le relais avec son propre brut, a révélé hier le quotidien suisse "Le Matin", qui cite une source diplomatique suisse. Selon le quotidien, les ports de Skikda et d'Arzew ont reçu des directives pour accueillir les tankers qui achemineront le pétrole vers la Suisse. "Les Algériens sont prêts à alimenter la raffinerie de Collombey (VS) par l'intermédiaire de leurs pipelines qui passent par l'Italie", a affirmé la même source. En plus de son brut, l'Algérie propose sa médiation. En effet, selon le quotidien suisse, le président Abdelaziz Bouteflika est intervenu auprès du guide libyen avec comme objectif de rapprocher les points de vue entre Kadhafi et Berne afin d'éteindre l'incendie diplomatique. Alger va, dans cette optique, dépêcher une personnalité à Tripoli chargée de rapporter une lettre dans laquelle Berne expliquera sa version des faits dans l'arrestation du fils Kadhafi à Genève. Cette missive proposerait également l'ex-conseiller fédéral et ex-chef du DFAE, Joseph Deiss, en tant que négociateur possible. Le journal précise que l'ex-conseiller fédéral, qui a été en charge des Affaires étrangères, a gardé d'excellents contacts avec le président Bouteflika et avec Kadhafi. En outre, il connaît la Libye pour y avoir accompagné en 2005 une mission économique helvétique. La crise diplomatique qui se déroule entre la Suisse et la Libye pourrait avoir des conséquences, car le brut libyen représente près de la moitié des importations helvétiques de pétrole. Mais l'Union pétrolière suisse tempère. Un arrêt des importations de pétrole libyen n'aurait pas d'impact, la Confédération disposant de suffisamment de réserves et d'autres sources d'approvisionnement pour assurer ses besoins, a-t-elle indiqué mercredi. "La Libye se punirait elle-même", en cas d'embargo sur les exportations de pétrole vers la Suisse, a estimé le directeur de l'Union pétrolière suisse Rolf Hartel. La raffinerie de Collombey, l'une des deux raffineries suisses, est en effet propriété de Tamoil, une entreprise publique libyenne, qui contrôle notamment 320 stations d'essence en Suisse, a-t-il ajouté. "Economiquement, cela n'aurait pas de sens", a souligné Rolf Hartel. La Libye avait, pour rappel, annoncé, le 24 juillet, l'arrêt de ses livraisons de pétrole à la Suisse, en représailles à la (brève) détention d'un des fils du numéro un libyen Muammar Kadhafi à Genève. Hannibal Kadhafi, le quatrième fils du président libyen, et sa femme avaient été arrêtés le 15 juillet dernier à Genève à la suite d'une plainte de deux employés de maison qui les accusaient de les avoir frappés. Ils avaient été libérés deux jours plus tard après avoir versé 312 500 euros.