Réconfortés par le soutien des syndicats autonomes, des représentants de la société civile et même de certains partis politiques, les enseignants grévistes persistent à poursuivre leur combat jusqu'au bout. Ils ne semblent pas convaincus par les propos du ministre de l'Education nationale concernant la participation aux concours pour les postes budgétaires. A cet effet, un par sit-in sera organisé aujourd'hui à partir de 13h devant le siège du ministère de tutelle six syndicats autonomes, à savoir le Snapap, Cnapest, CLA, Satef, Snte, Snpum, en signe de solidarité avec les enseignants grévistes et afin de forcer les portes du dialogue pour mettre fin à cette situation. Il faut signaler que l'état de santé des enseignants grévistes est au plus mal. Ces derniers, au nombre de 35, se trouvent dans une situation critique. "On veut l'ouverture du dialogue, plusieurs associations étrangères et ONG ont fait preuve de soutient à notre égard. On lance un cri de détresse ; la rentrée scolaire 2009 sera l'année des grèves si notre démarche reste sans écho ; et dans ce cas-là, on mènera une campagne en direction des organismes internationaux", indique M. Mohamed Tchiko représentant de la Snapap (Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique). C'est lors d'une conférence de presse animée, hier, au siège de la Snapap, que le groupement des syndicats a convenu à prendre cette décision. Selon le représentant de la Ligue algérienne des droit de l'homme, le silence des pouvoirs publics face à la situation lamentable de ces grévistes est une violation caractérisée des droits de l'homme, puisqu'il n'y a eu aucune intervention de la part de l'Etat envers ces derniers, ni même une assistance médicale ou un soutient moral. Où est la loi dans tout ça ? S'interroge-t-il. Aucun médecin n'est venu sur place pour s'enquérir de notre situation, déplore un des grévistes. "On demande l'ouverture des postes budgétaires, l'intégration de ces enseignants qui ont consacré des années à l'enseignement des enfants de l'Algérie ; la tutelle doit prendre une décision définitive", lance d'autre part la représentante de la CLA. D'autant plus que le recrutement des enseignants s'est arrêté depuis 1995 ; même ceux qui partent en retraite sont remplacés par des contractuels. Alors il faut les intégrer en tant qu'enseignants titulaires, insiste l'un des syndicalistes. Pour sa part, M. Salem Sadali, le représentant de la Satef (Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation) a déclaré : "Dans ces conditions-là on va vers la création d'une école de transition ; l'école nationale, l'école du peuple, recule et n'avance pas". "C'est un combat historique que mènent actuellement les enseignants algériens. Ce sont des porte-flambeaux de l'école algérienne qui sont en train de se voir dévalorisés de leur dignité". A noter que le Snapap a participé au Forum social maghrébin qui s'est tenu dernièrement au Maroc où la situation déplorable des grévistes a été débattue. Il y eu même 3 400 signatures en signe de solidarité. En effet, ces enseignants occupent des postes vacants, donc des postes à pourvoir. Souvent, ils sont affectés dans des zones recluses, avec un volume horaire supérieur à celui de leurs collègues titulaires. Leur situation précaire fait d'eux des cibles faciles pour les responsables des établissements qui les obligent à être responsables de classe ; une responsabilité que refusent souvent les titulaires. En plus de ces conditions de travail inégalitaires, les contractuels ne perçoivent jamais leurs salaires à temps. Par ailleurs, et selon des enseignants qui ont rejoint les autres grévistes, cinq d'entre eux ont participé au concours qui, selon eux, non seulement est banal mais aussi se base sur des questions orales qui n'ont rien à voir avec la profession. Comment peut-on juger la compétence et les capacités professionnelles de ces candidats à travers ce genre de questions ? s'interrogent-ils encore. Enfin, les syndicalises et les enseignants grévistes espèrent que les portes du dialogue seront ouvertes afin de mettre fin à ce litige.