Du maïs au soja, en passant par le cuivre ou le nickel, la folie spéculative est bien retombée. Le pétrole redescend vers 120 dollars.Ainsi, la chute des prix du gaz naturel, du nickel et du maïs a fait de juillet le pire mois en 28 ans pour l'indice des produits de base CRB. Soudain, une tout autre ambiance règne. Les certitudes sur lesquelles était basée l'envolée des cours des produits de base durant les six derniers mois semblent un peu moins inéluctables. L'indice CRB, qui regroupe 19 produits, a reculé de 10% depuis le 30 juin dernier, soit la pire dégringolade depuis le recul de 10,5% subi en mars 1980, époque où l'économie américaine était embourbée dans une récession. Les prix du gaz naturel ont chuté de 31% et sont ceux qui ont le plus baissé en juillet. Le maïs a baissé de 18% et le nickel, de 16%.La remontée du dollar américain par rapport à son niveau le plus bas de tous les temps comparativement à l'euro a affecté l'attrait des matières premières à titre de véhicule de placement de rechange des actions et des obligations. Ce phénomène a joué en particulier chez les investisseurs qui avaient jeté leur dévolu sur les produits de base plus tôt cette année, ce qui avait eu pour effet de propulser les prix à des sommets records.Les éléments baissiers reviennent sur le devant de la scène. La production pétrolière irakienne a ainsi retrouvé son niveau d'avant l'invasion américaine en 2003. Et le marché se rend compte qu'en dépit de sa révolution industrielle, la Chine, qui consomme le dixième du brut mondial, ne peut, dans l'immédiat, compenser un ralentissement des besoins des Etats-Unis et de l'Europe, qui en absorbe 45%. Les Etats-Unis viennent de réviser à nouveau à la baisse leurs besoins pétroliers, cette fois pour le mois de mai. "[Leur] demande pour les principaux produits raffinés a également baissé, ce qui n'était jamais arrivé ces trois dernières années", souligne Olivier Jakob, responsable du bureau d'analyse Petromatrix à Zoug.Apparemment, ce retour à la raison n'est pas le seul à l'œuvre. Le sentiment des fonds d'investissement a évolué. Même Swisscanto, la société de gestion des banques cantonales, recommande maintenant de "sous-pondérer les matières premières". Comment expliquer sinon la baisse concomitante de la plupart des produits de base? En un mois, le maïs a perdu 19% à Chicago, le soja déclinant de 13%. A Londres, la tonne de nickel s'est dépréciée de 18%, le cuivre de 6%, l'aluminium de 5%.La situation sur l'huile de palme est emblématique. Les stocks d'invendus en Malaisie - le principal producteur - atteignent des records, au point que les autorités ont décidé d'intervenir afin d'enrayer le plongeon de cours revenus à leur niveau de décembre! Une situation qui aurait semblé délirante il y a quelques mois encore à ceux promettant un renchérissement sans fin à cette huile servant également à la distillation de biocarburants. En réalité, ces baisses des prix mondiaux ne remettent pas vraiment en cause le fait que les approvisionnements pétroliers ou miniers deviennent plus tendus au fil des ans face à une demande en constante augmentation. Elles rappellent simplement que ce basculement des grands équilibres économiques - ou géologiques - reste un phénomène progressif. Et justifiant rarement une explosion de 50, 60 ou 70% des cours en l'espace de quelques mois.