Le nickel aime à enchaîner les sommets en solitaire. Totalement déconnecté du reste des non-ferreux, le métal du diable inscrit régulièrement de nouvelles performances à son palmarès. A la bourse des métaux de Londres, un nouveau palier a été franchi, sur la plateforme des échanges électroniques, le métal a atteint les 36 000 dollars la tonne. En un an il a plus que doublé son prix. D'après la plupart des analystes, il ne va pas s'arrêter en si bon chemin, le prochain plafond étant situé à 38 000 dollars. Car les tensions de 2006 persisteront en 2007. Le déficit se réduit mais il ne sera pas comblé cette année, estiment analystes et industriels ; jusqu'à 30 000 tonnes de métal pourraient manquer pour couvrir les besoins de la sidérurgie selon les prévisions les plus pessimistes émanant du groupe australien BHP Billiton. Ce déséquilibre est dû en partie à la pression de la demande. La production d'acier inoxydable, premier poste de consommation du nickel, devrait continuer à croître en 2007. Et pourtant cela n'empêche pas les industriels d'être une nouvelle fois pris de court par la hausse exponentielle du marché. Vus les bonds des cours du nickel observés depuis une année, on s'étonne qu'ils ne se soient pas couverts en passant des contrats avec les fournisseurs, mais visiblement ils ont préféré croire à l'apaisement, s'exposant aujourd'hui à des dépenses imprévues pour trouver la matière première, quand elle est disponible, car le métal se fait rare. Les stocks détenus par le marché londonien ont fondu, ils ne représentent plus aujourd'hui que deux jours de consommation. Côté matières premières agricoles, c'est le soja qui a de nouveau le vent en poupe sur le marché international. Si l'on compare la progression de l'oléagineux avec la céréale vedette de l'année 2006, le maïs, il n'y a pas vraiment de quoi s'extasier, le cours du maïs a fait un bond de 80% et le soja de 12% seulement. Et à la Bourse de Chicago, c'est encore le maïs qui mène la danse en ce début d'année. Néanmoins les producteurs d'oléagineux ont de bonnes raisons d'être optimistes car cette tendance à la hausse des deux graines est animée par une même cause : le développement de l'éthanol. Le biocarburant fabriqué à partir de maïs a propulsé la céréale et dans la foulée a cassé la tendance baissière qui plombait le soja. Alléchés par l'envolée de la céréale, les producteurs américains en particulier auront tendance à délaisser le soja pour semer du maïs. Une substitution qui profiterait à l'oléagineux. Porté par cette dynamique le prix du soja pourrait doubler d'ici à la fin de l'année. Certains analystes évoquent le grand bouleversement des années 70, quand Brésiliens et Argentins ont abandonné l'orge au profit du soja pour devenir des pays majeurs sur le marché mondial des oléagineux. La substitution soja-maïs aura-t-elle un impact similaire ? Ce n'est pas gagné car le développement des biocarburants est en partie suspendu à l'évolution du pétrole, si la baisse du brut s'installe, la filière verte pourrait lourdement en pâtir. Par ailleurs, les stocks mondiaux de l'oléagineux sont au plus haut depuis 1980, ce qui devrait limiter la tendance à la hausse. Enfin, avec la généralisation des cultures transgéniques, les rendements augmentent chez la plupart des producteurs et en particulier au Brésil. Jusqu'à maintenant seul fournisseur de soja conventionnel sur le marché mondial, le Brésil est en train de basculer à grande vitesse vers les cultures OGM. Selon le chercheur Patricio Mendez (Cirad) 80% de la récolte brésilienne de soja sera transgénique d'ici deux à trois ans. Même l'Etat du Parana qui avait fait du rejet des OGM une ligne de conduite, a pris la tangente, son principal port d'embarquement, Paraguana est en train de se doter des infrastructures pour charger sans risque de contamination les deux types d'oléagineux.