Téhéran et les grandes puissances qui cherchent à l'amener à suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium ont apparemment poursuivi lundi leur dialogue de sourds sur le dossier du nucléaire iranien. Le négociateur iranien Saeed Jalili et le haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, Javier Solana, ont évoqué lundi au téléphone les propositions faites à l'Iran par six puissances mondiales. Un responsable de l'UE a ensuite déclaré que cet entretien téléphonique n'avait "pas été concluant" mais n'a pas exclu de nouveaux contacts dans les jours à venir. Selon Gonzalo Gallegos, un porte-parole du département d'Etat américain, l'Iran a promis une réponse par écrit pour mardi. Le 19 juillet, les "Six" - les cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus l'Allemagne - avaient donné deux semaines à l'Iran pour accepter de cesser d'enrichir de l'uranium en échange du gel de leurs démarches à l'Onu pour obtenir de nouvelles sanctions contre la République islamique. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont menacé les autorités iraniennes de nouvelles sanctions faute de réponse claire de leur part. "Nous sommes tombés d'accord qu'en l'absence d'une réponse positive et claire de l'Iran, nous n'aurons pas d'autre choix que de prendre de nouvelles mesures contre l'Iran dans le cadre de cette stratégie", a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain. La Grande-Bretagne a déclaré de son côté qu'elle soutiendrait l'adoption d'un nouveau train de sanctions contre l'Iran à l'Onu si une réponse "sans ambiguïtés et positive" n'était pas apportée d'ici mardi. La France a exprimé elle "sa déception devant l'absence de réponse claire de l'Iran à la proposition des Six de 'double gel' (ndlr, gel de l'enrichissement contre gel des initiatives à l'Onu) pour lancer les négociations et menace Téhéran de nouvelles sanctions. Elle "comprend qu'un document écrit doit parvenir le 5 août à M. Solana, et espère que ce document apportera la réponse que la communauté internationale attend", écrit le Quai d'Orsay dans un communiqué. "En l'absence de réponse positive à l'offre des Six, l'Iran devra alors faire face à de nouvelles sanctions", ajoute-t-il. Solana doit rendre compte aux Six de sa conversation avec Jalili qui, selon Téhéran, ne portait pas sur la proposition de suspension mutuelle, dite "double gel", mais sur les convergences concernant les mesures politiques et économiques incitatives que les puissances proposent à l'Iran. Celui-ci a en effet réaffirmé une nouvelle fois, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, qu'il excluait de renoncer à son "droit inaliénable" à enrichir de l'uranium. Solana et Jalili ont mis l'accent sur la poursuite des entretiens qu'ils ont eus à Genève fin juillet, a déclaré la radio iranienne, annonçant elle aussi de nouveaux contacts dans les jours à venir, pourvu qu'il y ait un contexte "constructif et positif". Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad doit se rendre le 14 août en Turquie pour des discussions sur son programme nucléaire, a rapporté lundi une source turque autorisée. Ankara entretient de bonnes relations tant avec les pays occidentaux qu'avec l'Iran. La Russie, qui s'était opposée à fixer une date-butoir à l'Iran, et la Chine répugnent à un quatrième train de sanctions bien qu'elles se soient ralliées aux trois premiers. Selon les experts, l'Iran dispose de suffisamment de revenus pétroliers pour faire face aux sanctions. Washington, qui soupçonne ouvertement l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique, ce que celui-ci dément, n'a pas exclu une action militaire si la diplomatie échoue. Le chef des gardiens de la révolution, Mohammad Al Jafari, a brandi lundi la menace d'un blocage du détroit d'Ormouz, peu après l'annonce par les pasdaran de la mise au point d'une "arme navale" capable d'envoyer par le fond n'importe quel navire dans un rayon de 300 km. Quarante pour cent du pétrole mondial transitent par le détroit d'Ormouz, au débouché du Golfe. Washington s'est engagé à garder toutes les routes maritimes ouvertes.