Le scepticisme des Américains durera jusqu'à ce qu'ils voient des progrès sur le terrain, mais les Etats-Unis ne comptent pas "se débarrasser" de l'Irak, a assuré samedi la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice en visite en Israël, première étape de sa tournée dans la région. Mme Rice n'a pas pour autant fait état d'une stratégie alternative dans l'hypothèse où le nouveau plan Bush pour l'Irak ne donnerait pas les résultats escomptés ou si le gouvernement irakien n'apportait pas les garanties espérées en matière de sécurité. "Nous allons avoir l'occasion de voir si oui ou non cela fonctionne, si oui ou non les Irakiens respectent leurs engagements", a-t-elle expliqué. "Nous ne nous débarrassons pas de l'Irak". "Ce qui convaincra les Américains, ce sont les changements sur le terrain", a-t-elle encore observé. "Aucun sondage ne changera tant qu'il n'y aura rien à montrer." Washington compte sur les pays voisins de l'Irak, y compris sur Israël, pour venir en aide au gouvernement irakien de Nouri al-Maliki et contribuer à la sécurisation du pays, du moins de Bagdad. Dans une première réaction mesurée au nouveau plan américain pour l'Irak, le Premier ministre Nouri al-Maliki a assuré samedi qu'il résultait d'une "vision commune" mais n'a pas commenté les menaces que George W. Bush a fait planer sur son gouvernement en cas d'échec. Le plan, annoncé mercredi par le président américain, "représente une vision commune et une compréhension mutuelle entre les gouvernements irakien et américain", a affirmé M. Maliki dans un communiqué. Il réagissait ainsi pour la première fois officiellement au discours de M. Bush, qui a annoncé l'envoi de 21.500 militaires américains en renfort en Irak, dont 17.500 soldats à Bagdad, s'ajoutant aux 132.000 hommes déjà présents dans le pays. Le Premier ministre irakien n'a cependant pas commenté, en particulier, l'avertissement très clair de George W. Bush, selon qui le gouvernement irakien, dominé par les chiites, pourrait "perdre le soutien des Américains" s'il ne tient pas ses promesses, notamment en matière de désarmement des milices chiites. S'exprimant jeudi devant le Congrès, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a également jugé que le gouvernement de M. Maliki était "d'une certaine façon en sursis". Le bref communiqué rendu public samedi ne fait aucune référence à ces avertissements. Sur un ton très mesuré -presque tiède-, M. Maliki assure que le plan Bush "vient soutenir la stratégie du gouvernement irakien de prendre le commandement et le contrôle des opérations de sécurité". Le Premier ministre cite comme exemple le futur plan de sécurité de Bagdad, dont la mise en oeuvre est attendue dans les prochains jours, et qui sera "dirigé par les Irakiens, avec le soutien de la Force multinationale". M. Maliki ne fait par ailleurs aucun commentaire sur l'envoi de renforts américains en Irak, alors que plusieurs de ses collaborateurs avaient auparavant fait état de son opposition à cette mesure. Au lendemain du discours du président Bush, un porte-parole de M. Maliki avait sobrement commenté que Bagdad n'avait "pas d'objection" à l'envoi de troupes supplémentaires. Alors que le plan Bush a suscité de vives critiques aux Etats Unis, y compris dans les rangs républicains, la sénatrice de New York Hillary Clinton a effectué samedi une visite à Bagdad. La possible candidate démocrate à la présidence américaine en 2008 a estimé que la situation en Irak est "à fendre l'âme", dans des déclarations à la chaîne américaine ABC. "Je suis sceptique sur le fait que le gouvernement irakien va faire ce qu'il a promis de faire, et c'est là, je pense notre préoccupation", a-t-elle déclaré. "Ceci est ma troisième visite (en Irak) et j'ai vu la violence et les problèmes de sécurité augmenter et non diminuer" a-t-elle dit, "c'est à fendre l'âme". Hillary Clinton a qualifié le nouveau plan pour l'Irak "d'escalade dans la guerre".