Le Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh a lancé samedi un appel à l'arrêt des violences interpalestiniennes et réclamé une nouvelle initiative en faveur de la formation d'un gouvernement d'unité. "J'en appelle au peuple palestinien et aux factions palestiniennes, en particulier le Hamas et le Fatah, à cesser les affrontements internes", a dit le chef du gouvernement Hamas qui s'exprimait en direct à la télévision. Une trentaine de Palestiniens ont été tués dans des accrochages entre factions depuis que le président Mahmoud Abbas, qui appartient au mouvement nationaliste Fatah, a demandé le mois dernier la tenue d'élections législatives anticipées pour tenter de débloquer la crise sur la création d'un gouvernement d'unité nationale. "Nous devons protéger l'unité nationale et oeuvrer à la formation d'un gouvernement d'unité nationale", a poursuivi Haniyeh. "Ces affrontements doivent cesser totalement et à jamais. Les tirs ne doivent plus jamais viser des Palestiniens. Les armes ne peuvent être brandies que contre l'occupant", a-t-il ajouté en allusion à Israël. Mercredi dernier, le chef du bureau politique en exil du Hamas, Khaled Méchaal, a déclaré que de nouvelles discussions avaient été engagées entre le mouvement islamiste et le Fatah, mais a insisté pour que Haniyeh conserve son poste de Premier ministre. Un haut responsable du Fatah a déclaré qu'Abbas "ne se souciait pas de savoir qui serait le Premier ministre" mais souhaitait un gouvernement susceptible d'obtenir la levée de l'embargo financier imposé par les Occidentaux après l'arrivée au pouvoir du Hamas. "Toutes formulations ou conditions vagues ne permettront pas à ce gouvernement de faire lever les sanctions, et pourraient ne pas ôter d'Abbas l'idée d'organiser des élections anticipées", a-t-il dit. Après des semaines d'affrontements fratricides sanglants, le Hamas et le Fatah cherchent à mettre leurs rivalités de côté. Lors de négociations secrètes à Damas, les deux mouvements palestiniens ont réalisé des progrès significatifs sur la voie d'un nouveau gouvernement de coalition et peut-être d'une rencontre au plus haut niveau entre leurs dirigeants, ont rapporté samedi des responsables des deux factions. Ce soudain changement de climat politique intervient alors que la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice est arrivée samedi soir en Israël, première étape d'une tournée au Proche et Moyen Orient. Ce réchauffement s'est également accompagné de signes encourageants sur le terrain. Après quatre mois de grève perlée, l'Union des employés de la fonction publique, un syndicat de fonctionnaires proche du Fatah, a annoncé la fin de son mouvement de protestation contre le non-paiement des salaires par le gouvernement palestinien dirigé par le Hamas. Les négociations secrètes à Damas ont débuté il y a deux semaines entre le chef politique du Hamas, Khaled Mechaal, exilé en Syrie, et des émissaires du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas (Fatah), le député indépendant Ziad Abou Amr et un ancien conseiller du défunt dirigeant palestinien Yasser Arafat, Mohammed Rachid, ont précisé des responsables des deux partis. Les deux émissaires retournaient d'ailleurs dans la capitale syrienne samedi pour une nouvelle série de discussions. Moussa Abou Marzouk, numéro deux du bureau politique du Hamas à Damas, a confirmé la tenue de ces négociations secrètes et prévoyait même une rencontre Abbas-Mechaal à Damas dès le début de la semaine prochaine dans la capitale syrienne. "J'espère que ces rencontres à Damas seront constructives et permettront de résoudre tous les problèmes en suspens qui ont provoqué la rupture du dialogue dans le passé", a déclaré ce responsable du Hamas. Samedi, Mahmoud Abbas a effectué une visite imprévue à Amman pour informer le roi Abdallah de Jordanie de ces avancées interpalestiniennes. Le président de l'Autorité palestinienne a précisé que la date de sa rencontre avec Khaled Mechaal serait fixée la semaine prochaine.