L'Algérien consomme, en moyenne, 110 litres de lait par an. Le pays peine toujours à répondre à la demande nationale estimée à plus de 3,5 milliards de litres par an. La production nationale ne couvre actuellement que 55 % des besoins exprimés. Et pour maintenir un même niveau de consommation par tête d'habitant et un même taux de couverture de la demande par l'offre de lait cru à l'horizon 2025, il faudrait arriver à produire 4,5 milliards de litres par an, c'est-à-dire, assurer un accroissement de la production de 115%. Ce constat a été dressé en juin dernier à l'issue d'une rencontre organisée à Alger en collaboration avec le Forum des chefs d'entreprise (FCE) et la Chambre nationale de l'agriculture (CNA). L'Algérie, au terme de cette recommandation, pourra-t-elle surmonter le défi en doublant ses capacités de production locale pour répondre à la demande nationale en matière de produits laitiers et, en même temps, endiguer la dépendance du marché international ? En tout cas des atouts importants sont à mettre en valeur et permettront de relever le défi. Un étude du FCE intitulée «filière lait, pour des synergies fertiles» a mis en avant, entre autres points forts, le nombre croissant de vaches laitières (VL) productives, l'amélioration constante des performances de plus de 10 000 élevages de plus de 12 vaches, la croissance continue de l'offre (+ 6%/an depuis 2000) et un fort dynamisme des PMI privées évoluant dans cette branche d'activité. D'autres opportunités pour le développement de la filière lait ont également été mises en évidence comme, par exemple, "le soutien du prix du lait cru, le repeuplement des étables, l'existence de capacités de transformation sous-utilisées, les subventions et les crédits à taux bonifiés pour la création de mini-laiteries, les coopératives d'éleveurs, les entreprises de collecte et fortes incitations au partenariat entre éleveurs-laiteries". Néanmoins, les acteurs économiques intervenant dans les deux secteurs d'activité, à savoir l'élevage et la transformation, ne manquent pas de mettre en avant les innombrables difficultés et les points faibles qui caractérisent et freinent encore l'élan de la filière. On peut citer, entre autres, "les zones agro-climatiques favorables qui sont peu étendues, la majorité des vaches laitières restent peu productives, les élevages de taille très faible (la majorité est composée de moins de 5 vaches), l'insuffisance en unités fourragères, une collecte peu développée (10% pour le lait de vache), les capacités managériales à développer dans l'industrie". D'autres contraintes sont également à signaler comme le fait que la demande n'est couverte par la production locale qu'à hauteur de 45%, le faible taux d'intégration du lait cru (12% seulement), le système de prix qui demeure peu incitatif, l'approvisionnement de l'industrie laitière majoritairement par les importations et la dépendance des marchés mondiaux et, enfin, le système financier qui est peu coopératif avec les entreprises de la filière.L'analyse qui a été faite du marché national du lait a permis également de constater qu'outre le lait pasteurisé, les dérivés, eux aussi, observent une très forte croissance. "La consommation des produits laitiers a très fortement augmenté, dont les yaourts qui ont plus que doublé (310 à 640 millions de litres) entre 2000 et 2004, celle des fromages s'est accrue de 55% (25 000 à 37 500 tonnes). Cette évolution est conforme aux observations faites à l'échelle mondiale, elle est due à l'amélioration des revenus, à la forte urbanisation et à la diversification de l'offre".Pour ce qui est donc de l'essor de l'industrie laitière, celui-ci reste tributaire de la poudre de lait importée - dont le prix a triplé en une année - puisque seul 10% de lait cru sont utilisés dans la fabrication du lait pasteurisé.