Suite aux publications alarmantes des principaux quotidiens et hebdomadaires financiers internationaux en ce mois d'août 2008 dont l'influent Finantial Times , sur les résultats mitigés du développement économique et social en Algérie et selon ces analystes sur le retour à une gestion étatisée (donc du non respect des Accords qui lient l'Algérie à l'Europe pour une zone de libre échange qui stipulait expressément l'extension du secteur privé tant national qu'international, ),il y a urgence de la part du gouvernement algérien d'un éclaircissement de l'orientation de la politique économique et sociale algérienne, si l'on veut éviter le risque d'un isolement progressif de l'Algérie au sein des relations économiques internationales. Car faute de visibilité et de cohérence, le pays risque de s'enfermer à dans une logique d'une économie purement rentière suicidaire pour le pays. Car l'expansion de l'économie mondiale, surtout avec la faillite du modèle communiste et notamment depuis les années 1970 repose la création de valeur ajouté du secteur privé dans son ensemble , avec un rôle déterminant pour l'Etat régulateur facteur de cohésion sociale. Aussi, ce serait une lourde erreur de politique économique de vouloir retourner à l'économie administrée contrairement aux fondateurs du communisme, dont la Chine, la Russie qui s'ouvre de plus en plus, (plus proche de nous la Libye et certains pays dynamiques du Golfe), le Brésil et l'Inde étant dominée par le secteur privé. Tous les pays du Tiers Monde qui émergent actuellement ont une politique d'ouverture maîtrisée, l'expérience de la Corée du ud ayant correspondu à une certaine phase historique. Le blocage essentiel de l'investissement porteur de valeur ajoutée et de création d'emplois durables réside en Algérie actuellement en la panne de la réforme globale due justement aux injonctions administratives. En effet,les deux piliers du développement du XXIème siècle étant la bonne gouvernance et la valorisation du savoir sans oublier la protection de notre environnement, .en Algérie, et selon l'avis unanime des investisseurs, ces deux conditions peinent à être remplies. En effet, le frein principal à l'investissement hors hydrocarbures est l'omniprésence de la bureaucratie et de la corruption qui lui est liée qui freinent la mise en œuvre d'affaires (des efforts ont été faits mais un texte juridique n'est pas suffisant) , l'extension de la sphère informelle qui contrôle plus de 40% de la masse monétaire en circulation étant elle même le produit de la bureaucratie qu'il s'agit d'intégrer d'une manière intelligentes loin des mesures administratives autoritaires qui produisent l'effet inverse car composée de jeunes entrepreneurs dynamiques acquis à l'esprit de l' économie de marchéOn peut avancer l'hypothèse réaliste que ce terrorisme bureaucratique étouffant participe pour plus de 40% de frein à l'investissement. Cela implique à l'avenir une amélioration de la gouvernance, une plus grande visibilité et cohérence dans la démarche de la politique socio-économique. Car, l'Algérie est dans cette interminable transition depuis 1986 avec la dominance de la rente (ni économie de marché, ni économie administrée expliquant les difficultés de la régulation tant politique, économique que sociale). Donc une plus grande volonté politique de libéralisation et de privatisation si elle veut adhérer à l'organisation mondiale du commerce dont le dossier est toujours depuis plus de 20 ans en gestation et dont les dernières négociations à Genève en juillet 2008 ont achoppé. Deuxièmement, la léthargie du système financier public lieu de la redistribution de la rente, dont le tauxpourrait être de 25% des raisons du blocage, (plusieurs mois pour un virement d'un chèque d'une région à une autre, et surtout les mentalités administrées dans la gestion), les banques publiques accaparant plus de 90% des crédits octroyées, et malgré leur nombre, existe une marginalisation du secteur bancaire privé, Les banques publiques sont malades de leurs clients, les entreprises publiques, lorsqu'on sait que leur assainissement a coûté au trésor public algérien plus de 40 milliards de dollars US entre 1991/2007 entraînant des recapitalisations répétées. Après plus de 4 milliards de dollars entre 2000/2003, encore quarante milliards de dinars (près de 3 milliards de dollars US) est le montant de l'enveloppe que les pouvoirs publics en Algérie ont décidé de consacrer à la recapitalisation des banques publiques et ce, dans le cadre de la loi des finances complémentaire pour 2008. Or, de par lemonde, tout investisseur véritable veut évoluer dans un environnement concurrentiel où les règles de jeu sont saines et stables. L 'organisation des capitaux marchands de l'Etat en Algérie régissant le partenariat et la privatisation, a subi en de 2000 à 2008 quatre modifications sans résultats probants, créant une instabilité juridique qui décourage l'investisseur, qui outre les régimes fiscaux, est attentif, également à la rapidité du transfert de ses capitaux qui doit s'effectuer en temps réel. Et ce d'autant plus , du fait des engagements internationaux de l'Algérie et notamment de l'Accord avec l'Europe pour une zone de libre échange applicable depuis le 01 septembre 2005, il est stipulé que la libre circulation et transferts des capitaux sont des conditions fondamentales qui régissent cet Accord. Troisièmement l'absence d'un marché foncier libre et une inadaptation du marché du travail à la demande, bien qu'existe des compétences mais qui marginalisées, on assiste à une exode de cerveaux massif du fait de la dévalorisation du savoir au profit des emplois rentes. Cela peut représenter 20%. C'est que , les dépenses du programme de soutien à la relance économique (après un pré plan de plus de 7 milliards de dollars entre 2000/2003) évaluées par la loi de finances complémentaire 2008 à 200 milliards de dollars alors que les estimations n'étaient que de à 100 milliards de dollars moyenne 2005/2006 ,140 en 2007, les résultats n'étant pas proportionnels aux dépenses. Cela a été démontré clairement dans un rapport de la banque mondiale remis aux autorités algériennes en septembre 2007 sur le bilan des dépenses publiques que malgré des dépenses colossales essentiellement publiques, ces dernières n'ont pas réussi à inverser la logique rentière de l'économie avec des gaspillages financiers croissants, certains projets étant réévalué entre 300% de leur coût initial. Dès lors suite logique, nous avons un faible taux de croissance du produit intérieur brut -(PIB 2006/2008) contre 4/5% entre 2001/2005, avec exactement 1,8% en 2006, 2,5% en 2007 et certainement ne dépassant pas 3% en 2008 du fait de la chute de la production agricole en 2008 prévoyant d'importer en 2008 pour 2 milliards de dollars uniquement pur le blé. Depuis fin 2006, nous assistons au retour à l'inflation pour des raisons externes mais également internes ( dépenses improductives, mauvaise gestion, ) , dépassant les 5% entre 2007/2008 contre 2% pour les années 2002/2005, le ménage moyen consacrant près de 80% de son revenu aux biens essentiels moyenne 2007/2008, sans compter l'endettement croissant par des prêts divers( voitures, logements -électro- ménagers , estimation du montant par le Ministère des finances algérien supérieur à 3 milliards de dollars US courant 2007 ) qui amenuisera son pouvoir d'achat à terme, sachant que le SMIG algérien est actuellement de 120 euros. Car, contraste enAlgérie : un Etat de plus en plus riche mais une population de plus en plus pauvre avec une concentration excessive du revenu au profit d'une minorité de couches rentières. Parallèlement nous assistons à l'accroissement du chômage réel, selon les données officielles de l'ONS( organisme algérien de la statistique ) 13,8% pour le chômage en 2007,contre 11,8% pour 2006 que l'on essaie gonfler par des emplois rentes. Il existe une demande additionnelle annuelle de 500.000 unités, et en minimisant la demande féminine qui s'ajoute au taux chômage actuel. Ce sont les données officielles du gouvernement algérien. Pour les organismes internationaux le taux d'inflation serait de 12% et le taux de chômage de 20% en Algérie pour 2007. Cette situation de faible croissance, d'inflation et de chômage connue sous le nom de stagflation, malgré l'aisance financière et les dépenses publiques est corroboré par le niveau des exportations hors hydrocarbures représentent moins de 2% du total dont 50% des déchets ferreux et non ferreux (2006/2007, idem pour 2008).La valeur ajoutée hors hydrocarbures dans le produit global est environ 50% en 2007/prévision 2008, mais en réalité, provient pour 80% des effets des dépenses publiques via les hydrocarbures dont le bâtiment- travaux publics, hydraulique, avec des surcoûts et des ouvrages souvent ne répondant pas aux normes internationales donc restant aux entreprises seules créatrices de richesses à moyen et long terme 1,2%dans la participation du taux de croissance. Ce constat de l'échec relatif de l'actuelle politique socio-économique a été rappelé le Président de la République le 26 juillet 2008 dans son discours devant les collectivités locales, insistant sur l'urgence de revoir toute l'orientation de la politique économique et sociale. Car cette stagflation a des incidences sur la sphère économique et peut engendrer effectivement des tensions sociales de plus en plus importantes qui peuvent alimenter le terrorisme.En résumé , pour éviter une crise majeure tant politique que socio-économique,en Algérie, il faudra entre 2010/2012 avoir un doublement du produit intérieur brut de dollars US,soit 260 milliards de dollars US, (le PIB 2006/2007 fluctue entre 120/130 milliards de dollars à prix courants et paradoxe ayant le même niveau que les réserves de change estimées fin juillet 2008 à environ 130 milliards de dollars US dues à des facteurs essentiellement extérieures), avec une diminution des sections rentes et la dynamisation, du secteur privé national et international, tout en ouvrant le capital des entreprises publiques. Plus globalement l'Algérie doit davantage concilier une libéralisation maîtrisée en s' adaptant, de cette économie mondialisée ( intégration maghrébine au sein de l'espace euro méditerranéen et arabo- africain ) en perpétuel mouvement où toute Nation qui n'avance pas recule. Ils'agit de redonner l'espoir à une population afin d éviter le divorce Etat/citoyens, comme cela a été démontré par la très forte démobilisation populaire aux dernières élections, ( taux d'abstention de plus de 65% y compris les bulletins nuls) impliquant un Etat de droit et donc concrétiser les objectifs stratégiques à savoir le respect des libertés économiques ,sociales, culturelles et politiques, des droits de l'homme et de la promotion de la condition féminine. Parallèlement, il s'agit pour l'Etat algérien de mettre en place des mécanismes concurrentiels et ce grâce à une bonne gouvernance et non favoriser les monopoles source de surcoût et de gaspillage et dans le cadre du respect du droit international, de favoriser les entreprises qui créent de la valeur à moyen et long terme supposant la levée des contraintes d'environnement et un climat de confiance dans les affaires et non avoir cette solution de faciliter de bloquer les entrepreneurs privés qu'ils soient internationaux ou nationaux créateur de richesses. Il y a donc urgence de transcrire dans les actes une nette volonté politique de libéralisation maîtrisée, tout en assurant la cohésion sociale ( les 10 milliards de dollars 2007 de transferts sociaux étant mal gérés et mal ciblés) et de démocratisation en accélérant la réforme globale en panne. Docteur Abderrahmane MEBTOUL expert International Ex Président du Conseil Algérien des Privatisations au Gouvernement