La demande intérieure est forte, pour ne pas dire colossale par rapport au nombre de consommateurs. Mais, les produits pouvant la satisfaire et sur lesquels se portent d'ailleurs les choix proviennent des importations, donc nécessitent leur paiement en devises. Au lieu donc de produire pour des débouchés extérieurs et pour faire face à l'expansion du marché domestique, nous importons pour satisfaire la demande intérieure. Il est évident qu'ainsi on ne pourra pas parler de conquérir des marchés extérieurs, alors que le plus grave est de perdre notre marché intérieur. Serait-ce une utopie que d'ambitionner de parvenir en même temps, avec la production nationale, à des substitutions aux importations, à une relative satisfaction du marché national, et à des exportations hors hydrocarbures avec un montant qui couvrira au moins nos besoins alimentaires et de santé ? Des pays d'Asie avaient commencé par une stratégie de développement industriel volontariste, fondée sur la conquête des marchés extérieurs ainsi que sur une population laborieuse dont l'épargne permet de financer la modernisation de l'économie. A ce boom de la production correspond la faiblesse des coûts salariaux qui permettent de rendre les prix pratiqués compétitifs, ce qui amène les pays occidentaux à exiger de ces pays leur alignement sur les normes sociales occidentales. Rien que pour une année, la Chine avait bénéficié de 65 milliards de dollars d'investissements étrangers.S'il y a bien chez nous une accélération à la constitution d'une classe moyenne, quand bien même existe de grands écarts au sein de celle-ci, cette constitution n'est pas le produit d'une croissance économique, ce qui caractérise sa vulnérabilité et la temporalité liée aux ventes des hydrocarbures. A l'intérieur de quels seuils plancher et plafond définit-on une classe moyenne ? La consommation de produits étrangers peut par exemple connaître un arrêt brusque si cesse la politique des crédits.