Alors qu'elle est rattrapée par l'accélération de l'inflation, la Bourse de New York devrait en outre faire face la semaine prochaine aux premiers résultats trimestriels des banques américaines, dont la gestion de la crise est de nouveau mise en cause.Les chiffres de l'inflation ont montré cette semaine que celle-ci avait nettement progressé sur les derniers mois, alimentée par la flambée historique des prix du pétrole. Les prix à la consommation aux Etats-Unis ont par exemple augmenté davantage que prévu en mai, de même que les prix à l'importation. Si ce bond inattendu n'a pas affecté la consommation --les ventes de détail ont connu leur plus forte progression depuis novembre --, il a en revanche déteint sur la confiance des consommateurs, tombée à son plus bas depuis 28 ans. Ces pressions inflationnistes ont par ailleurs incité plusieurs membres de la banque centrale américaine (Fed), dont son président Ben Bernanke, à envisager la possibilité d'une hausse des taux d'intérêt, jugée nécessaire pour juguler l'inflation. Or les investisseurs ne veulent pas, pour l'instant, de relèvement du loyer de l'argent compte tenu de la situation tendue du marché du crédit, dit Lindsey Piegza, analyste au cabinet FTN Financial. L'indice vedette Dow Jones, malgré les effets des chèques et remises d'impôt accordés par le gouvernement dans le cadre de son plan de relance de l'économie, a ainsi peu progressé sur la semaine, gagnant seulement 0,80% pour finir à 12.307,35 points vendredi. L'indice Nasdaq, à forte composante technologique, a en revanche reculé de 0,81% pour clôturer à 2.454,50 points, tandis que l'indice élargi SP 500 a cédé 0,04% à 1.360,03 points. Le marché obligataire a aussi fini en baisse. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui évolue en sens contraire du prix des obligations, a monté à 4,261%, contre 3,938% vendredi dernier, et celui à 30 ans à 4,802% contre 4,650% une semaine plus tôt. "Beaucoup de craintes demeurent. La croissance ne peut pas repartir avec un pétrole cher qui va entraîner une réduction drastique des dépenses des ménages", indique Marc Pado de la Cantor Fitzgerald. D'autant que la crise financière est revenue au premier plan: les banques n'ont pas dévoilé complètement leurs pertes sur les "subprime" et devraient faire état de nouvelles dépréciations d'actifs, avancent nombre d'analystes. "A combien se chiffrent exactement leurs pertes ? Combien de fonds doivent-elles lever pour se recapitaliser ? Les investisseurs veulent avoir les réponses à ces questions", ajoute M. Pado. Lundi, tous les regards seront ainsi tournés vers la banque d'affaires Lehman Brothers, dont le cours a diminué de moitié en un mois, et qui fait l'objet de rumeurs de rachat et de faillite. La banque, qui doit annoncer ses résultats trimestriels, a pris les devants cette semaine en annonçant près de 3 milliards de pertes, les premières de son histoire. Ses rivales Goldman Sachs --jusqu'ici la moins touchée par le désastre financier mais qui n'est plus épargnée par les spéculations-- et Morgan Stanley prendront respectivement le relais mardi et mercredi. "Les résultats des banques vont être au centre de l'attention. S'ils sont meilleurs que ce que le marché anticipe, les investisseurs pourront souffler. Mais s'ils sont pires ou alors si Goldman Sachs fléchit à son tour, ce sera difficile", prédit Sam Stovall de la Standard & Poor's. Le secteur financier a perdu quelque 300 milliards de dollars d'actifs depuis le début de la crise des "subprime". Côté macroéconomique, les investisseurs suivront mardi la publication des chiffres des prix à la production et à la production industrielle en mai et ceux des permis de construire et mises en chantier.