La tempête subprimes est loin d'avoir dit son dernier mot. Elle continue à faire des ravages dans le secteur bancaire et a même rattrapé les réassureurs surtout de l'autre côté de l'Atlantique. Lehman Brothers, la cinquième banque d'affaires de Wall Street, se retrouve au bord de la faillite. A la Bourse de New York, le cours de son action a dévissé de près de 80 % en une semaine. Tout s'est accéléré au milieu de la semaine, quand Lehman a vu s'envoler ses espoirs de se faire recapitaliser : le seul candidat, la Banque publique coréenne KDP, ayant annoncé qu'il laissait tomber. Pour trouver de l'argent frais, la banque, qui multiplie les pertes, a annoncé qu'elle mettait en vente certains de ses actifs les plus rentables, comme le gestionnaire de portefeuilles Neuberger Berman. Mais les investisseurs ont jugé ce plan insuffisant pour redresser la barre et l'action de la banque d'affaires s'est écroulée.Aussi, les réassureurs sont aujourd'hui affectés par la crise. Si en 2007, ils étaient épargnés par les subprimes, la débâcle boursière les a rattrapés de manière indirecte. Leurs bénéfices semestriels ont chuté en raison de la dépréciation de leurs placements en actions et obligations. La dégradation économique a fait évoluer l'appréciation des agences de notation sur cette profession. "En un an, nous sommes passés d'un optimisme prudent à un pessimisme naissant", souligne Yann le Pallec, responsable assurances Europe chez Standard & Poor's. L'une de ses préoccupations est le retour de l'inflation, qui pourrait peser sur la performance de ces groupes. Voulant tirer profit des leçons des subprimes, les eurodéputés ont demandé formellement à la Commission européenne de mettre en place une législation améliorant le cadre de surveillance des marchés financiers européens. La commission des affaires économiques a ainsi adopté des résolutions concernant les fonds spéculatifs (hedge funds) et les fonds de capital-investissement (private equity), ainsi que l'architecture future de supervision des marchés en général. La commission parlementaire appelle à une série de mesures législatives dans le domaine des fonds spéculatifs (hedge funds) et des fonds de capital-investissement (private equity). Au sujet de la stabilité financière et de la couverture réglementaire, elle estime notamment que les exigences d'apports de fonds propres devraient s'appliquer aux sociétés d'investissement plutôt en fonction des risques que du type d'entité. Les intérêts des investisseurs et des institutions de crédits devraient être alignés, soit en obligeant les bailleurs à retenir une partie de leurs prêts titrés sur leur propre comptabilité ou par d'autres mesures d'un effet équivalent. Les députés souhaitent une législation fondée sur des principes d'évaluation des instruments financiers illiquides et plus d'exigences de transparence pour les prestataires de services de courtage (prime brokers). Ils estiment qu'un cadre harmonisé pour les capitaux à risques et les fonds de capital-investissement devrait être mis en place dans toute l'UE, en particulier pour permettre aux PME d'accéder aux capitaux transfrontaliers. Pour ce qui est de la transparence, la commission parlementaire voudrait un régime européen de placement privé qui permettrait la distribution transfrontalière des produits d'investissement à certaines catégories autorisées d'investisseurs avertis. Cela impliquerait la notification de leur stratégie générale d'investissement, de leur endettement, de leurs méthodes de gestion des risques et d'évaluation des portefeuilles, de la source et des montants des fonds collectés, des règles de transparences relatives à la rémunération des dirigeants et de l'enregistrement des actionnaires au-delà d'un certain seuil.