Le système de régulation et de contrôle de la finance mondiale est en crise profonde. Il est fragmenté en une multitude d'acteurs nationaux confrontés à des opérateurs mondiaux qui agissent 24 heures sur 24, et dont les innovations financières sont difficiles à suivre. Aujourd'hui, des pans entiers de la finance échappent aux autorités de contrôle : de l'acteur le plus anodin aux institutions les plus en vue. C'est dans ce contexte que se réunissent, à Washington, les Conseils des gouverneurs du Groupe de la Banque mondiale et le Conseil des gouverneurs du Fonds monétaire international (FMI), le 13 octobre prochain. En effet, l'apparition de nouveaux défis tels que le ralentissement économique mondial et le réchauffement climatique, et plus récemment la tempête financière aux Etats-Unis, fait en outre craindre que la poursuite des OMD ne marque le pas. Le Fonds monétaire international (FMI) estime que les pertes totales associées à la débâcle des marchés financiers atteindront 1 300 milliards de dollars américains pour le système financier mondial. Ces estimations ont été relevées par rapport à celles émises au printemps dernier quand le FMI évaluait les pertes à un milliard de dollars. Il y a six mois, le FMI a été critiqué pour ses prévisions trop pessimistes. Il estime désormais que rien d'autre qu'une solution systémique ne permettra à l'économie américaine et mondiale de fonctionner dans un contexte qui ressemble à la normalité. Le FMI pense, toutefois, que, malgré le ralentissement aux États-Unis et en Europe, une récession mondiale peut être évitée. Le directeur général adjoint, John Lipsky, affirmait jeudi matin que l'activité économique serait soutenue par la baisse du prix du pétrole, par la résilience des pays émergents. Et aux États-Unis, le FMI estime que l'immobilier touchera le fond en 2009. Selon l'ONU, les progrès réalisés depuis 2000 sont réels mais très inégaux selon les régions, et l'Afrique sub-saharienne, très en retard, ne parviendra pas à réaliser les objectifs si elle continue au rythme actuel. Lors de sa dernière assemblée, en octobre 2007, plusieurs pays émergents avaient reproché au Fonds, dominé par les pays riches, de n'avoir pas su anticiper la crise immobilière (subprime), parce que née aux Etats-Unis, et d'en traiter les effets avec complaisance. Mi-décembre, le nouveau directeur général de l'institution, Dominique Strauss-Kahn, avait annoncé une reprise en main du dossier. Revenu à son rôle de gendarme, le Fonds juge que, dans cette affaire, l'ensemble des intervenants n'ont réussi à apprécier ni l'ampleur de l'effet de levier auquel ont eu recours de nombreuses institutions ni les risques de dénouement désordonné qui en découlent. Le rapport dénonce en rafale la prise de risque excessive et le manque de rigueur au sein d'"institutions faiblement capitalisées" et va jusqu'à recommander une réforme du mode de rémunération des cadres impliqués dans la gestion des produits à risques.