La nouvelle stratégie de redéploiement du secteur économique prônée par le gouvernement continue à faire réagir les milieux économiques et les analystes sur la scène internationale. Les défenseurs des cercles convoitant le marché national ne cessent pas ainsi d'afficher leur scepticisme quant à la décision du gouvernement de mettre fin aux largesses dont ont toujours bénéficié les firmes multinationales et autres opérateurs économiques qui se sont installés en Algérie. A cet égard, évoquant les dernières mesures prises par le gouvernement pour la réorganisation du marché des investissements en Algérie, Philippe Dauba-Pantanacce, économiste en chef pour la zone Mena (Afrique du Nord, Moyent-Orient) à la banque britannique Standard Chartered, fait part de ce commentaire qui laisse transparaître un certain scepticisme en déclarant que si le gouvernement algérien décide de mettre en application les dernières mesures entreprises, "cela va être une catastrophe pour l'économie, en terme d'impact sur les investisseurs qui souhaitent s'engager en Algérie". Cet économiste est excessivement alarmiste en parlant de "catastrophe". Son discours est singulièrement exagéré. D'aucuns ont remarqué, en tout cas, qu'en dépit de tous les avantages qui leur ont été accordés, les porteurs d'IDE ne se sont pas bousculés au portillon durant ces dernières années. Simon Kitchen, un autre économiste de la banque d'investissement Efg-Hermes, avec un air déconcerté, considérera, sans pertinence aucune, que "les investisseurs étrangers ont continué à parler de l'Algérie comme un pays au potentiel considérable, mais ces nouvelles mesures vont dissuader les potentiels investissements étrangers", avant d'ajouter, avec une vision approximative, que "l'attitude du gouvernement algérien est comme un retour en arrière", et de lâcher encore que "même si vous envisagez d'aller en Algérie depuis longtemps, la question qui se pose maintenant est de savoir comment en sortir si un jour vous décidez de partir". Cet économiste fait référence à la mesure concernant le droit de préemption prise par le gouvernement récemment sur les cessions de filiales étrangères implantées en Algérie. Geoff Porter, un analyste d'Eurasia Group consultants, pour sa part, dira que "si ces mesures ont été appliquées aux hydrocarbures, elles seraient en ligne avec les tendances globales. Mais même comparativement à la Chine, ces mesures sont agressives". En tout cas, il n'y a pas que les spécialistes étrangers qui se sont montrés critiques vis-à-vis de la politique du gouvernement mais aussi, parmi les analystes algériens, il y a des voix qui ne s'inscrivent pas en droite ligne avec les mesures du gouvernement. C'est le cas de Lyes Kahouadji, économiste, pour qui plusieurs mesures annoncées vont dans le sens de la défense des intérêts de l'Algérie, mais il affirme ne pas comprendre la manière avec laquelle elles ont été annoncées. "Soudainement et sans aucune concertation. Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement a pris ces décisions, sans débat et sans concertation", a-t-il lâché.