Le secteur bancaire algérien suscite de plus en plus la convoitise des milieux financiers français. Après la course à l'entrée dans le capital du Crédit populaire d'Algérie (CPA), à laquelle prennent part pas moins de trois banques françaises, c'est au tour de la BEA (Banque extérieure d'Algérie) d'attirer l'attention des cercles parisiens. Ainsi, il aura suffi que la BEA signe un accord avec la banque anglaise HSBC pour le transfert de son savoir-faire et la modernisation des instruments de gestions des dossiers des grandes entreprises économiques, survenu dimanche dernier, pour que les banques françaises tentent de se mettre de la partie afin de s'impliquer dans ce nouveau processus de partenariat avec les banques publiques algérienne. Dans cette perspective, ce sont beaucoup plus les banques d'affaires hexagonales qui veulent parvenir à des contrats de cette nature avec, non seulement la BEA mais avec toutes les banques publiques algériennes ayant l'intention de s'ouvrir sur la coopération internationale. Pour ce faire, les institutions françaises ne se contentent pas de proposer leurs services, mais mettent en exergue de supposées appréhensions quant à la réussite de l'accord signé par la BEA avec HSBC. C'est dans ce but qu'une source parisienne a laissé entendre ouvertement que "la banque britannique n'a pas forcément l'expertise suffisante en matière de banque d'affaires", selon des déclarations rapportées, hier, par le quotidien "Tout sur l'Algérie". Les mêmes cercles soutiennent également la logique que les banques publiques algériennes n'ont pas d'autre choix que d'aller dans le sens de la modernisation, de l'acquisition du savoir-faire et de l'ingénierie leur permettant de défendre leur position sur le marché national qui est de plus en plus investi par les banques internationales. Mais, estiment de nombreux observateurs, les banques françaises, dans leur démarche, semblent faire preuve de leur volonté d'imposer aux banques algériennes une politique qui profitera beaucoup plus aux boites de l'Hexagone. C'est la même tendance, d'ailleurs, avec le processus d'ouverture du capital du CPA, lorsque les trois banques françaises soumissionnaires, en l'occurrence, BNP Paribas, Crédit Agricole et le groupe Banques populaires, ne cessent de mener des tractations pour remettre en cause les autres banques, comme l'espagnole Santander et l'américaine Citibank qui briguent également l'entrée dans le capital du CPA. Certains analystes à Paris ont même soutenu, il y a quelques semaines, dans ce sillage, que l'attribution du marché de la privatisation du CPA constitue un tournant décisif dans le progrès de la coopération bilatérale algéro-française. En outre, ce n'est pas le fruit du hasard si les banques françaises affichent une ambition de cette ampleur pour entamer un partenariat avec les banques publiques algériennes. En effet, ceci intervient au moment où les banques nationales orientent davantage leur stratégie vers une implication effective dans le processus du développement du secteur productif et l'intensification des financements accordés aux investissements engagés par les entreprises économiques. C'est cette tendance qui explique, faut-il le noter, la volonté du gouvernement d'augmenter les crédits à l'économie l'année prochaine, tandis que dans la phase actuelle, ils sont évalués à quelque 2 000 milliards de dinars.