Nouvelle crisedans la laborieuse mise en oeuvre du partage du pouvoir au Zimbabwe. Le président Robert Mugabe, qui a déjà dit que son parti contrôlerait les principaux portefeuilles, a fait prêter serment lundi à deux nouveaux vice-présidents de son camp, déclenchant la condamnation de l'Union européenne.. Tentant de sauver l'accord de partage du pouvoir dont il était le médiateur, le président sud-africain Thabo Mbeki a pris le chemin du Zimbabwe pour tenter de sauver ce qui peut l'être, toutes les parties réclamant sa présence, selon son porte-parole Mukoni Ratshitanga. Le chef de l'opposition Morgan Tsvangirai, censé être Premier ministre dans le cadre de cet accord, a menacé de claquer la porte. De son côté, l'UE a immédiatement condamné le geste unilatéral de Mugabe, le secrétaire britannique au Foreign Office David Miliband décrétant que les Européens ne "soutiendraient pas que le régime Mugabe accapare le pouvoir". "Il est important d'avoir une réponse internationale unie disant que les résultats des élections doivent être respectés et qu'une mainmise sur le pouvoir ne sera pas respectée", a-t-il ajouté au cours de discussions de l'UE au Luxembourg. Donc, les ministres de l'UE ont dit "surveiller de près la mise en oeuvre de l'accord" et ne lèveront pas les sanctions tant qu'elle ne sera pas réelle. Le 15 septembre, sous égide de Mbeki, les deux camps ont accepté de se partager le pouvoir, l'opposition obtenant 16 portefeuilles ministériels et la ZANU-PF de Mugabe, 15 afin de refléter les résultats des législatives du 29 mars. La présidentielle a été officiellement remportée par Mugabe au second tour, mais le chef du Mouvement pour le Changement démocratique (MDC) Tsvangirai ayant renoncé à y participer après avoir revendiqué la victoire dès le premier tour. Mais la répartition de ces portefeuilles reste à faire et pose problème: samedi, la presse officielle a publié une liste attribuant au camp Mugabe les ministères principaux, ceux de la Défense, de l'Intérieur, des Affaires étrangères, de la Justice, des Mines, notamment. L'opposition se contenterait de ministères mineurs, comme les Affaires constitutionnelles ou la gestion de l'eau... Ce qu'a dénoncé Tsvangirai, affirmant dimanche au cours d'un meeting que les Zimbabwéens étaient prêts à "souffrir encore un peu" pour obtenir un accord plus équitable. Pour l'opposition, la prestation de serment, en catimini, des nouveaux vice-présidents Joyce Mujuru et Joseph Msika prouve que Mugabe n'est pas de bonne foi. Même si leurs postes ne posaient pas problème, le porte-parole de l'opposition Nelson Chamisa a jugé que Mugabe n'agissait pas "dans l'esprit du collectif", et que "cet unilatéralisme écrasera le pays".